Après un premier album un peu décevant (Chroniquettes, Cornélius, 2008) Giacomo Nanni revient en France avec la publication de son premier roman graphique, un livre puissant et évocateur.
À partir d’un conte des frères Grimm, il offre une réinterprétation riche construite de manière cyclique et entêtante, complexifiant à loisir une œuvre originelle assez simpliste. Tout l’album, pourtant très sombre, semble construit sur le plaisir du jeu narratif. Avec une grammaire simple d’images et de séquences croisées, il réussit à transmettre avec brio autant l’émotion d’un premier amour que la peur de la mort.
Les choix graphiques sont à l’avenant. Le découpage est très sobre – peu de cases et aucun effet de manche – et laisse la pleine place au dessin. Les couleurs suivent le même chemin avec une audacieuse bichromie rouge et verte qui glace autant qu’elle transporte. Bien sûr, l’ouvrage n’est pas exempt de défauts: les jeux de constructions peuvent perdre le lecteur inattentif et le dessin a quelques défauts mineurs (mais flagrants, tant le reste est superbe). Toutefois, ces quelques réserves seraient de bien mauvaises raisons de passer son chemin.
Giacomo Nanni, pilier de la revue Canicola, est une des têtes de proue du renouveau de la bande dessinée italienne. Le voir publié en France aux côtés de son camarade Alessandro Tota (Fratelli, Cornélius, 2011) est particulièrement réjouissant et on ne peut que remercier les éditions Cornélius pour le travail de défricheur qu’ils réalisent encore une fois avec l’exigence qui les caractérisent.
Le Garçon qui cherchait la peur, de Giacomo Nanni (ed. Cornélius).