Abélard est un petit poussin tout mignon, candide et altruiste. Il mène une vie douce et paisible au cœur d’un bien joli marais, entouré de ses amis. Son temps, il le partage entre parties de cartes autour d’une bière bien fraiche et parties de pêche autour d’un étang bien calme. Y a pas à dire, dans son marais, on y est bien. Mais ailleurs, qu’en est-il ? Y est-on aussi bien ? Mimi, qui a beaucoup bourlingué lui affirme que non, alors Abélard reste ici, menant une vie douce et paisible, au cœur de ce bien joli marais, entouré de ses amis.
Mais quand Epilie, une jeune et charmante citadine passe dans le coin, son petit train-train se retrouve tout chamboulé. Abélard ne pense plus qu’à elle, le vague à l’âme et la tête dans les nuages. C’est décidé, il doit lui faire part de son amour. Seulement, Epilie n’est pas fille que l’on séduit avec une simple fleur : pour Epilie, il faut au bas mot un bouquet d’étoiles. Qu’à cela ne tienne, Abélard est prêt à décrocher la lune pour sa belle. Sauf qu’on n’attrape pas la lune armée d’une simple épuisette, perché en haut d’une échelle. Alors, quand Abelard apprend qu’il existe un pays à l’ouest où l’on fabrique des machines volantes, son sang ne fait qu’un tour : notre poussin quittera son joli marais, sa vie douce et paisible, et ses amis qui l’entourent. Son unique but sera maintenant d’atteindre l’Amérique, d’y embarquer à bord d’une machine volante, et de n’en redescendre qu’avec la lune sous le bras.
Commence alors un grand voyage pour notre petit poussin, voyage au cours duquel il fera de belles rencontres – des chaleureux tziganes qui l’embarqueront dans leur joyeuse caravane, à Gaston, l’ours mal léché mais bon bougre qui le prendra sous son aile -, mais qui l’exposera aux dures réalité de la vie hors de son paisible marais. Et si Abélard semble invincible, armé son optimisme et son innocence à toute épreuve face aux tuiles lui tombant sur le coin du bec, s’avérera-t-il suffisamment résistant lorsqu’il devra affronter le racisme, la haine, la violence, et la misère…?
Car malgré ces personnages animaliers si attachants, le trait si rond, épais, et chaud de Renaud Dillies, et les couleurs si douces et pastelles qui teintent ce récit initiatique, les leçons que devra en tirer Abélard seront rudes et abruptes… émaillant sa frêle carapace et le laissant dans un bien piètre état.
Un diptyque émouvant et poétique, à la fois enchanteur tant il ravi les yeux et véhicule de belles valeurs, et bouleversant tant il nous serre le cœur et nous emmène là où ne s’attend pas…
Abélard, 2 tomes, de Hautière & Dillies (ed. Dargaud).
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