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– Traboule, de Pochep –

Etrange mot que ce Traboule, non ? Mais what ze fuck ça peut bien être ?!

Bon, vu que sur la R-à-B on est un peu des mono-maniaques de la bédé, vous v’là déjà un peu sur une piste, mais après, qu’est-ce donc qu’on peut trouver dans un album avec un tel titre ?

Tout d’abord, jetons un œil sur le curriculum de l’auteur. Si Pochep est pas mal connu sur le web pour son blog BD (Pochep Politbüro), ne cédons pas à la tentation de le cataloguer d’office parmi ces p’tits jeunes qui sautent sur leur tablette graphique à la moindre occasion pour nous raconter les faits les plus insignifiants de leur petite vie pas si endiablée. Non, à la base, Pochep s’est lancé dans ce domaine plutôt sur le tard, et sur les conseils de son éditeur pour rester en contact avec les lecteurs de son premier album et, pourquoi pas, s’en dégoter de nouveaux. Pris au jeu, il publiera des belles notes étoffées, suffisamment suivies et mettant en scène des personnages récurrents pour devenir quasiment des mini-séries, il y affinera son style graphique et narratif, et se fera même repérer par le Festival Lyon-BD qui lui demandera de piloter son site internet pendant la période du festival. C’est à cette occasion que Traboule verra le jour.

La Traboule : une sorte de vieux cadre en bois ressemblant vaguement à un chambranle de porte que se trimballe un curieux bonhomme sillonnant le sud de l’Amérique en fauteuil roulant. Et s’il se présente comme le VRP d’une agence de voyage, l’étrange homme se révèlera plutôt comme une sorte de gourou-psychanalyste-hypnotiseur qui, en vous demandant de lui livrer vos petits secrets intimes face à sa fameuse Traboule, vous offrira un trip mystique au cœur de vos fantasmes les plus inavouables.

Sur sa route, il croisera Stuart Logan, un sénateur en campagne pour sa réélection, prêt à tout pour conserver son poste… enfin prêt à tout ou presque : si le relooking, la médiatisation de son couple, ou les magouilles obscures lui semblent acceptables, il ne sera en aucun cas question qu’il sacrifie sa belle moustache !

Oui, oui : sa moustache. Ah, c’est vrai, j’oubliais de vous le préciser : l’action se déroule à la fin des années 70, et les années 80 arrivant à grands pas, le port de la moustache est un gage d’élégance, de maturité, et s’exhibe avec fierté. Tout comme la veste à gros carreaux en velours épais, la cravate à pois, et les lunettes teintées…

D’ailleurs, pour un rendu des plus réalistes et du meilleur goût, Pochep utilise des trames informatiques de toute beauté, très probablement piochées parmi les fonds d’écran proposés à l’époque par Amstrad. Et pour le dessin à apposer par-dessus, le lascar ne niera pas son inspiration puisée du côté de l’Echo des Savanes de la grande époque ou des premiers Fluide Glacial, nous offrant de bonnes grosses tronches avec des râteliers démesurés dignes d’un Cabu, et des postures et gestuelles hyper-théâtrales que ne renierait pas môssieur Gotlib !

Idem pour l’humour trash et le politiquement incorrect qui suinte de ces pages. D’ailleurs le mot « suinter » est ici tout à fait adapté, car les personnages de l’album étant constamment sous tension – nerveuse ou sexuelle – je peux vous affirmer que niveau suintement, ça suinte à tout vat ; qu’il s’agisse de sueur, de morve, de larme, ou de sperme !

Houlà, un auteur de blog BD débarqué après la révolution des p’tits jeunots, une intrigue sous forme d’ode aux années 80 avec des moustachus et des gourous, un mélange d’humour cash et de punk-attitude à l’ancienne, un dessin revendiquant l’influence des anciens du 9ème art… on serait tout de même pas en train de nous réchauffer la bédé de papa, là ?!

Eh bien non, car malgré tout ceci, Pochep a su se trouver un style qui lui est propre et lui insuffler une réelle modernité… pour ne pas dire actualité, car quand on découvre que son sénateur est prêt à monter de toutes pièces une sordide histoire de viol pour descendre son adversaire dans les sondages, ou encore à perdre du poids pour augmenter sa cote de popularité, on sourit en pensant qu’on n’est finalement pas si loin de DSK et de sa Théorie du Complot, ou de Hollande et de sa Théorie du Pépito !

Traboule, de Pochep (ed. Vraoum)

PS : Sinon, j’aurais aussi pu vous donner l’envie d’acheter ce livre en une unique phrase, juste en vous informant qu’il contient quelques pages dessinées par môssieur Terreur Graphique himself (click), mais j’aurais alors risqué de passer pour la vieille groupie de base, donc non…

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