– Chaosland, de Mojojojo & Ancestral Z –

Me voilà bien emmerdé à l’heure de chroniquer cet étrange diptyque qu’est Chaosland.
Au début, on n’y comprend pas grand-chose : les vannes fusent en tout sens et l’histoire n’avance guère, mais l’ambiance bon enfant – ou plutôt sale gosse – se dégageant de cette parodie de fantasy médiévale nous donne tout de même l’envie d’aller voir plus loin ce qu’il s’y passe.
Arrivés au bout du premier tome, l’histoire a peut-être bougé, certes, mais bougé dans tous les sens, sans avancer vraiment ! Et au niveau des jeux de mots et autres sale-gosseries, on est à deux doigts d’hurler… Sérieux les gars, y a un moment, faut ralentir sur les champi’ et admettre que trop de vannes tuent la vanne… et en passant, tuent aussi le scénar’ !

Et pourtant, subsiste ce je-ne-sais-quoi indéfinissable qui nous accroche.
Est-ce le charme naïf et léger du dessin qui pourrait presque rappeler les premiers Donjon Zénith, ses couleurs bigarrées et ses proportions fantaisistes ? Est-ce le secret espoir que la sauce prenne et que quelque chose de cohérent naisse enfin de ce chaos(land) ? Est-ce tout simplement une sorte de curiosité teintée d’un poil masochisme ?
Toujours est-il qu’on s’attaque au tome deux avec un certain entrain… pour constater dès les premières pages que le frêle espoir de cohérence se retrouve immédiatement écrasé sous une tonne de grand n’importe quoi !
Et allons-y avec les blagounettes, les private jokes, et les phrases sans queue ni tête ! Les situations improbables s’enchainent avec les scènes dont le seul but est de placer un énième calembour… et un énième coup dans mon entrain suscité !

Mais subitement, un affreux doute m’étreint : quand je parcours les crédits et y lis que le scénario serait l’œuvre du Scénaritron – ordinateur de fabrication belge et générateur aléatoire de scénarios, quand je tombe sur une préface de Run (click) où il explique fièrement que Chaosland est la seule BD où on a l’impression que les personnage jouent mal, quand en refermant sceptiquement le livre je m’attarde sur ce quatrième de couverture rédigé par un revenant affirmant que nous n’allons pas en revenir… quand je réalise à quel point ce délire jusquauboutiste est assumé et sincère, je ne peux qu’admirer un tant soit peu un tel engagement dans le vingt-troisième degré et aller pleurer dans mon coin, en ruminant tel Danny Glover dans l’Arme Fatale, que je suis vraiment trop vieux pour ces conneries !

 

Chaosland, de Mojojojo & Ancestral Z (ed. Ankama)

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