Daphné est une sirène…
On l’avait pourtant découverte sous forme d’une dryade avec son premier album, “L’émeraude”, esprit végétal nous emmenant dans une forêt de mots et de sonorités enchanteurs pour des chansons fraîches comme de la rosée. Puis, phénix majestueux se consumant de passion pour mieux renaître de ses cendres et célébrer de nouveau l’amour.
Mais maintenant, Daphné est une sirène…
C’est du moins l’impression que l’on a eu en la voyant s’avancer sur la scène du théâtre des Bouffes du Nord, avec sa robe longue en écailles noires, sa longue chevelure brune et surtout sa voix envoûtante, capable de faire chavirer les coeurs et d’engloutir nos âmes dans un tourbillon de sensualité.
Daphné est une sirène. Reine des si, des fa, des sol, des la-mi de fond.
Elle nous entraîne dans la profondeur de son nouvel album, Bleu Venise, qui après un premier album de couleur verte, “L’émeraude” et un second aux dominantes rouge “Carmin”, prend cette fois une magnifique teinte bleue aquatique.
Les harmonies sont fluides et cristallines comme de l’eau, les textes tournent autour de l’élément aqueux, sous toutes ses formes : de la neige sur la lagune (“Ils s’aiment sous la neige”), une pluie battante qui tombe sur la ville ou sur la vie, des larmes qui coulent,… Les mélodies, qui “tombent en un mot, en amour” se confondent avec des “mais l’eau dit” et il tombe des cordes – guitares, violons et violoncelles - sur ce “théâtre aquatique, d’aquarelle de mosaïque”.
Ce n’est pas un hasard si la belle Daphné a choisi le théâtre des Bouffes du Nord pour célébrer le lancement de son nouveau disque, avant de partir sillonner les routes de France. Elle trouve que le lieu, avec son allure d’antique colisée, ses murs défraîchis, ses armatures rouillées et ses boiseries vermoulues, ressemble à une demeure vénitienne qui aurait été engloutie par les eaux et retrouvée plusieurs siècles plus tard…
Des ruines, des vestiges d’une vie… Ses textes traitent en partie de cela, de ce qu’il reste d’un amour, d’une passion, d’une existence. La chanteuse parle du temps qui passe inexorablement, impitoyablement, tel un soleil sous lequel on fond, et invite à profiter pleinement de ce qu’offre la vie. La démarche est explicitée dans une des chansons de son album précédent “Mourir d’un oeil” : “Je voudrais pas crever, mais comme c’est des choses qui arrivent, je veux danser souvent avec le diable de l’été. Et m’enivrer de rires. Et m’enivrer d’un rien. Je veux passer la vie à n’être qu’un matin”
Oui, les chansons de Daphné baignent dans une sorte de mélancolie, une beauté fragile et toujours en péril. On passe du fantasme à la fantasmagorie quand ce symbole de l’innocence enfantine qu’est le vieux Père Noël est retrouvé mort au détour d’une ballade (“The death of Santa Claus”).
Bref, tout ce bleu pourrait donner le blues, mais la poétesse sait jongler avec les mots pour illuminer les ténèbres. Chez elle, une chanson d’orage et de désir devient une “Chanson d’orange et de doré à la chaleur étrange d’une pudeur dérangée“
Une lettre peut tout changer… Comme ce “Z” qui s’échappe et sème la zizanie pour nous z’amuser et faire des zig-zags dans nos z’oreilles, lors d’une ritournelle chantée sur scène, lors d’un rappel…
Daphné est une sirène, mais c’est aussi une fée, une magicienne des mots. Chaque phonème est soigneusement sélectionné, mis en collision avec d’autres de façon à créer des sonorités incomparables. Elle nous les envoie en plein coeur, accompagnés de musiques enchanteresses et audacieuses.
Certes, on peut préférer certains titres à d’autres. Personnellement, nos goûts nous poussent plus vers des titres comme “Mélodie à personne” ou “portrait d’un vertige” que vers les ballades pop-rock très biolaysiennes “où va Lila Jane?” et “l’homme à la peau musicale”. Mais l’ensemble, orchestré par Vince Mendoza, responsable notamment de la parties “cordes” de l’essentiel des chansons, et réalisé par Larry Klein, est de qualité homogène.
Il s’agit d’un album plaisant à la première impression, mais qui ne révèle ses richesses sonores et thématiques que sur la durée, au bout de plusieurs écoutes. Ce qui n’est pas un problème tant on se laisse porter par la voix de velours de la chanteuse.
Quand, sur scène, elle chante “Moi plus vouloir dormir seule”, on se proposerait volontiers pour lui tenir compagnie et se laisser bercer dans ses bras, envoûtés et emportés loin de la violence du monde… Mais voilà, les sirènes sont insaisissables. A peine le temps d’une soirée, deux petites heures et la belle est déjà repartie dans son mystérieux royaume aquatique, prête à concocter de nouvelles merveilles pour le plaisir de nos ouïes ébahies.
Mais elle laisse dans son écume ce superbe CD qu’est Bleu Venise, vestige d’un moment de grâce partagé avec une sirène, et elle nous offre à nous, petits poissons, si petits face à la grandeur et la beauté du monde, l’opportunité de nager en plein bonheur dans les eaux claires de sa poésie subtile.
Oh non, nous n’échangerions pas trois barils d’Ariel contre notre petite sirène préférée. Et nous n’avons que deux choses à dire : Brave-eau et Mer-ci…
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L’album :
“Bleu Venise” de Daphné – Label V2 Polydor
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Les Sites de Daphné :
Son site officiel
Sa page Myspace
Sa page FaceBook
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Ses futurs concerts :
25/03 Angers (49) / Le Quai
26/03 Saint Ave (56) / Le Dôme
15/04 Pont Sainte Maxence (60) / La Manekine
29/04 Saint Andre de Cubzac (33) / Le Champ de Foire
20/05 Selestat (67) / Tanzmatten
25/05 Paris/ Le Trianon
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