– Je pense que j’en aurai pas, de Catherine Gauthier –

Que ce titre laisse d’emblée comprendre le sujet de l’œuvre met en évidence l’omniprésence de la question de la maternité au sein de notre société.

« Tu changeras d’avis », « Tu n’as pas trouvé le bon », « Tu risques de regretter ».

Ou parfois, rien de tout ça. Ces femmes qui ont fait le choix de ne pas en avoir sont aussi des femmes qui n’ont « juste » pas fait le choix d’en avoir. Qui n’ont « juste » pas pu en avoir.

Qui se sont demandé pourquoi en avoir, lorsqu’on leur demandait pourquoi ne pas en avoir.

Et si la maternité n’apportait pas toujours cette complétude tant convoitée ? Si l’on était loin du portrait idyllique dressé par nos mères ? Le rouleau compresseur de la pression sociale, culturelle, religieuse ignore tout des combats intérieurs de ces femmes contre leurs propres angoisses, parfois leur propre corps. 

Ce roman graphique délicat nous berce avec bienveillance dans les réflexions intimes d’une trentenaire sans enfant. Les dessins doux et travaillés dressent un bilan sans amertume d’une vie simple mais pas toujours linéaire. Le tracé au fusain, réaliste mais velouté, suit les préoccupations de la narratrice et sa quête de sens.

Les pensées de l’autrice sont entrecoupées de brefs portraits de femmes qui, pour une raison ou une autre, n’ont pas suivi la voie de la maternité. Ces brefs témoignages mettent à nu un rapport encore marginal d’avec le statut de mère, sans jugement ni culpabilisation.

Catherine Gauthier explore les thèmes de la famille, du sens de la vie, de la maturité, et exprime sans imposer le fait qu’on peut Être sans Avoir.

Je pense que j’en aurai pas, de Catherine Gauthier (Editions des Equateurs)

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