Les premières pages de l’œuvre s’ouvrent sur le début d’une longue lettre de pénitence qui constituera la quasi-totalité du récit. Les mémoires d’un hypnotique millionnaire sans âge plongent le lecteur dans les origines d’un destin tragique prenant naissance à Venise durant la Renaissance.
Le héros se révèle être l’incarnation d’une union presque contre nature, le fruit d’une conception blasphématoire, et le produit d’une enfance passée dans le rejet. Dans ce terreau émerge le destin maudit d’un jeune homme brisé, qui se découvrira dans la douleur des pouvoirs surnaturels lui permettant de vampiriser chez les autres ce que le sort lui refuse : la force vitale de l’Amour. Au fil de la lecture, confession après confession, de doucereuses images pastel distillent une atmosphère éthérée, piquetée d’érotisme et de cruauté passionnelle, qui nous mènera jusqu’à nos jours à la suite de cette destinée singulière.
Sous le joug d’une soif inextinguible d’amour et d’identité, le Prédateur malgré lui évolue à travers de nombreux époques et lieux dans une épopée sombre, sensuelle et violente. Ses nombreuses vies mêlant voyages et drames se heurtent à l’Histoire de l’Humanité, et bien trop souvent à celle de l’Inhumanité. Lorsque le destin remet son âme sœur sur sa route, son rapport aux sentiments et aux sacrifices perd tout sens : un Voleur d’Amour peut-il aimer sans détruire ? La rédemption permettrait-elle de lever sa malédiction ?
Si le fond et la forme du récit font écho au célèbre roman d’Anne Rice, les mémoires du « vampire » sont travaillées ici sous un jour bien plus nuancé que le mythe éculé du buveur de sang ; le scenario présente une approche moderne et fine du Prédateur, sous l’angle de la dépendance affective et des relations toxiques, avec leur lot de conséquences bien souvent terribles.
Le Voleur d’Amour, de Yannick Corboz, d’après Richard Malka (Ed. Glénat)