Après s’être frotté plus ou/et moins officiellement à Spirou, à Mickey, Donald and co’, ou encore dernièrement à Astérix sous le prisme lapinien, l’inarrêtable Trondheim s’attaque aujourd’hui au Marsupilami, en proposant une origin story du bondissant singe jaune, mettant en scène son arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-grand-père, à l’époque où la Palombie n’était qu’un territoire sauvage en proie aux conquistadores assoiffés d’or, et que papy Marsu’ y était vénéré en tant qu’Esprit de la Forêt.
Et si Lewis n’insuffle que par légères touches sa patte si caractéristique – on reconnait son humour dans les dialogues ou dans cet ignoble capitaine aussi ridicule qu’immonde – il s’amuse surtout à distiller les codes de la série à l’époque pré-palombienne… et offre ainsi un terrain de jeu sans pareil à Alexis Nesme ! Visuellement, cet album est une pure folie : des caravelles voguant sur les vastes océans comme sur les lagons paradisiaques, des mystérieuses cités mayas émergeant de l’impressionnante jungle luxuriante, des splendides cascades aux eaux cristallines et des merveilleuses montagnes aux sommets enneigés… le tout sous des cieux flamboyants de mille feux ! Chaque case est un véritable tableau fourmillant de détails et au travail sur les couleurs et les lumières tout bonnement hallucinant !
Alors que l’histoire reste très simple, la façon dont Alexis Nesme l’enlumine et la sublime est exceptionnelle, et fait de cet album un petit bijou que l’on ne se lasses pas de feuilleter et refeuilleter… encore et encore !
El Diablo, de Lewis Trondheim & Alexis Nesme (Ed. Dupuis)