« O Temps, suspens ton vol ! »
Cette supplication de Lamartine ouvre le récit en interpelant le Temps lui-même, qui constituera un des antagonistes principaux du récit. Très rapidement, la réflexion métaphysique sur l’écoulement inéluctable du temps et la peur suscitée par celui-ci vient tenailler le lecteur.
Cette fable, mi cauchemardesque – mi poétique, met en scène un délire onirique qui appelle à l’urgence des souvenirs, dans une ambiance évoquant le loufoque Grand Budapest Hôtel de Wes Anderson ou le Philémon de Fred.
Bernie le bouvier bernois, que le sort mène à être recueilli par un vieil horloger, sera notre fil d’Ariane le long de ce conte s’égarant à l’aveugle dans les méandres du Temps. Véritable catalyseur de l’écoulement du récit, le chien sera malgré lui le guide d’un des protagonistes à la poursuite de son identité. Ce voyage du héros suivra une chronologie tortueuse par le biais d’indices dissimulés çà et là dans un décor alpin, sur fond de conflit génocidaire entre nations imaginaires. Le parallèle entre Guerre et Temps nous dévoile le caractère bien plus meurtrier du second, car par la Mort ou l’Oubli, nul n’échappe au temps qui passe.
Une étrange équipe se lance dans une folle chasse au trésor, sur les traces d’un passé que seuls les souvenirs enfouis dans objets, lieux ou rêves révèlent au compte-goutte comme autant d’indices à assembler.
La nuit, les frontières entre les mondes deviennent poreuses… Un récit initiatique et maïeutique tout à fait approprié au Samain approchant.
Joyeux Halloween !
Les fantômes du Mont-Blanc, de Phicil (Ed. Delcourt – Mirages)