– Des Lilas à Belleville, de Eddy Mitchell & Ralph Meyer –

« Mais où sont mes racines, Nashville ou Belleville ? »

Question existentielle pour Eddy Mitchell, il en a fait même fait une chanson. Une jolie chanson, d’ailleurs. Une chanson dans laquelle Mr Eddy se balade sur le Boulevard Elvis, au cœur de Memphis, lieu mythique auquel il rêvait lorsqu’il n’était qu’un gamin de Belleville… une chanson dans laquelle Mr Eddy se balade enfin dans ce lieu mythique, mais repense avec nostalgie à ces moments magiques qu’il vivait à Belleville lorsqu’il n’était qu’un gamin.

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Ces moments, Eddy, les raconta dans une nouvelle intitulée Des Lilas à Belleville, un texte très intime sur le p’tit Claude, 14 ans à peine, dans lequel il parle de ses parents, de son frère et sa sœur, de ses clopes fumées en cachettes et de ses panachés sifflés au troquet, de ses premiers émois dus plus aux pin-ups sur papier glacé qu’à la fille du concierge, de ses aprèm’ de galère des trottoirs de Belleville aux terrains vagues des Lilas, de ses astuces et arnaques pour s’évader dès qu’il le peut dans les salles obscures, aux côtés de John Wayne ou Garry Cooper… Un texte intime qui, lorsque l’on dézoome à peine, devient un instantané de toute une époque : grâce aux détails que Mr Eddy apporte sur son quotidien d’alors – les repas avec « le père » et les escapades dans le métro avec le frangin, les pubs dans les journaux et l’actu’ à la radio, les magazines affriolants que l’on dissimule dans un Michel Vaillant et les Pif Poche validés par le Parti Communiste, les matelassiers qui débarquent aux Fortifs et les auto-tamponneuses que les forains installent Place des Fêtes, la peur de l’impérialisme américain qui nous déverse ses infâmes Coca Cola et burgers… et la fascination pour l’Amérique qui nous vend du rêve avec ses films merveilleux !

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Et si ses chansons racontent bien souvent une histoire, il nous semble alors normal que sa biographie s’y colle également : cette nouvelle, plus qu’une tranche de vie du p’tit Claude ou que la chronique d’une époque, se lira donc au même titre qu’un roman, avec un réel style littéraire – qui reprend allègrement le vocabulaire et l’argot parigot d’antan – et une histoire bien menée qui saura réellement nous accrocher et nous toucher.

Et si – encore une fois – Mr Eddy aime les histoires en général, le cinéma tout particulièrement, mais aussi et depuis toujours la bande dessinée, il nous semble alors normal que sa biographie se frotte ainsi au neuvième art : les éditions Dargaud nous offre donc aujourd’hui une version illustrée de cette nouvelle, et c’est tout naturellement que celle-ci fut confiée à Ralph Meyer ; d’une part, ses pinceaux ayant déjà brillé sur les couvertures de ses deux derniers CDs (La même tribu, volumes 1 & 2), d’autre part, son appétence pour les westerns seyant à merveille à cet est parisien d’alors qui n’en ressort finalement pas si différent dans les souvenirs du chanteur !

Une lecture teintée d’une douce nostalgie sur la fin d’un âge, la fin d’une époque ; une ode à une ville et un quartier, à ses cinémas et AU cinéma… entrecoupée d’illustrations telles des affiches de films leur rendant hommage.

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Des Lilas à Belleville, de Eddy Mitchell & Ralph Meyer (Ed. Dargaud)

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