Julius Corentin Acquefacques, personnage fétiche du bédéaste fétichiste de la bédé est de retour pour un septième opus dans la droite lignée tordue de cet univers cartésiennement absurde… ou absurdement cartésien, c’est selon !
Tout débute ici par un grand vide dans lequel flotte une infinité de poussières… ou un grand tout, si nous nous attardons attentivement sur lesdites infinies poussières et y décelons finalement une finalité de bulles aux mots infinis… non, un grand vide, définitivement, tant cette infinité de mots se révèlent indéfinis de par leur taille infiniment petite… un grand rien, donc, devenant pourtant un grand tout quand ces poussières à l’infini s’organisent pour définir de plus en plus finement un décor qui finit par nous être familier. Ce décor, c’est celui du fameux une pièce de Jules Corentin Aquefacques dans lequel gît Jules-encore-en-train-de-vaquer à son occupation favorite : rêver ! De son voisin, il rêve. A moins que ce ne soit le rêve de son voisin qui lui-même rêve de lui… en train de rêver de lui… en train de rêver de lui. Aïe, cette mise en abyme infinie abime infiniment nos deux rêveurs rêvés qui finissent donc par définir que pour en finir, il serait plus fin de s’en remettre au savoir infini du Professeur Ouffe. Ouf, le Professeur travaillait justement sur un conrêvtisseur visant à revisser le pseudoparadoxal afin de réverbérer le redresseur miroir et ainsi provoquer le revirement du schème oniro-spatial ! Contre-ouf : ce trublion d’Hilarion (le voisin, suivez donc un peu !) actionne bien trop tôt l’interrupteur dudit conrêvtisseur, et voilà nos trois compères embarqués dans une spirale d’aventures qui les mèneront de l’infiniment petit à l’infiniment grand en passant par toutes les infinies étapes de l’infini…
… Enfin, « toutes », non : l’infini étant, par définition, infini on ne pourra toutes les explorer (suivez donc un peu, voyons) !
Cette folie, Marc-Antoine Mathieu la marque en mathématicien de la bulle par son approche toute oubapienne du média, le triturant et le pressant dans tous les sens pour en extraire toute l’essence, que ce soit par le découpage et cadrage des cases, tout comme le découpage des pages au sens propre et en tout sens, mais aussi le pliage, le rapetissage, le répétage… et bien sur le remplissage desdites pages de son implacable noir et blanc ; car oui, on peut remplir les case de blanc, un blanc si blanc qu’il en devient aussi troublant que ces noirs trop noirs et sans blanc ressemblant à de véritables trous noirs.
Aïe, je me relis, encore et encore, et réalise que je m’emporte, encore et plus encore, pars en vrille, en spirale, en vortex, en cycle infini, certes idéal pour la chronique d’un livre traitant – justement – de l’infini, mais inbitable autant qu’infinissable pour le fin lecteur qui pense finalement « s’il ne conclue pas maintenant, pour moi, c’est fini ! »…
…Très bien ! Si fin, il faut : ci fait !
* L’Hyperrêve (Julius Corentin Acquefacques, Tome 7), de Marc-Antoine Mathieu (Ed. Delcourt).