« Patron, remets-nous la p’tite sœur ! »
Après nous avoir allègrement arrosés lors de sa première tournée, Fabcaro rouvre les portes de son open bar pour nous servir une nouvelle grosse dose de dérision enivrante !
Sur le même modèle que le précédent opus, ce second tome reprend les strips en 6 cases publiés régulièrement dans les Inrocks, et aborde des sujets sensibles tels que les migrants, les SDF, ou le mouvement #BalanceTonPorc… sauf que, traités au travers du prisme délicieux de l’absurdité, ces sujets donneront des situations des plus incongrues telles qu’un canot de réfugiés perdus dans le bassin d’une piscine municipale au grand désespoir des nageurs désireux de nager en paix, les sans-abris deviendront candidats d’une émission de télé-réalité à la Top Chef où des experts évalueront l’insalubrité du carton leur servant de toit, la saleté de leur couverture ou la couche de crasse sur leurs guenilles, et le harcèlement sexuel traité via le témoignage poignant d’une actrice pas violée par son réalisateur.
D’autres sujets bien plus légers passeront également à la moulinette de l’humour à la con caractéristique de l’auteur ; qu’il s’agisse de l’invasion galopantes des trottinettes, de l’importance sans cesse croissante du yoga dans notre quotidien, du besoin irrépressible de revendiquer le moindre de nos gestes écologiques, ou de grands thèmes universels et intemporels comme l’inesthétique morceau de salade coincé entre les dents ou l’insupportable stagiaire de 3ème.
Mais attention, hein : quand je dis « humour à la con », ne voyez là rien de péjoratif ! Bien au contraire, avec Fabcaro, l’humour à la con devient un art auquel il donne ses lettres de noblesse ! Car si le 23ème degré affiché et le copié/collé de cases au dessin minimaliste nous amènent à qualifier cet humour de « con », celui-ci est bien loin d’être si simpliste qu’il n’y parait : derrière ces blagounes de bon aloi qui nous font bien marrer, ce malin d’amuseur pointe les plus ridicules marottes et mesquins travers de notre société… en balayant suffisamment large pour qu’à un moment, forcément, l’on rie un poil jaune en se reconnaissant dans l’un de ces tristes sires stupides et autocentrés !
* Open bar (Tome 2), de Fabcaro (Ed. Delcourt – Pataquès)