– Doggybags #15 (Mad In America), dirigé par Run –

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Après 13 numéros couvrant le large spectre de notre différentes peurs viscérales et autres légendes urbaines toutes plus flippantes les unes que les autres, l’horrifique anthologie Doggybags s’arrêtait, soucieuse de pas tourner en rond et finir par se répéter. Et même si cette décision fut tout à leur honneur, elle laissait nombre de fans abandonnés au bord du chemin de l’épouvante…
…mais que ces fans se consolent et reprennent en chœur : « Doggybags est mort, longue vie à Doggybags ! »

En effet, après cette pause insoutenable, Doggybags ressuscite en une saison 2 ouverte il y a peu avec un numéro 14 réjouissant, et qui continue aujourd’hui avec un numéro 15 dédié à ces éméchés du crâne qui pullulent dans le sud des Etats Unis.

Conservant le squelette habituel qui fait le charme de ces bouquins, le courrier des lecteurs, les dossiers approfondissant le sujet de chaque histoire, une nouvelle illustrée, les fausses pubs pour de la VPC thématique – guns, objets vaudou, cagoules pointues – et bien sûr, le poster dépliable et la maquette old school qui claque, ce DoggyBags sous-titré « Mad In America » nous propose trois histoires gravitant autour de la folie meurtrière sous-jacente qui ressurgit régulièrement au pays de l’Oncle Sam.

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La première, Man Hunt, raconte une chasse à l’homme dans un bayou de Louisiane. Idéalement illustrée dans un noir & blanc sombre et brutal, cette chasse à l’homme se révèlera bien vite comme un combat noirs Vs blancs tout aussi sombre et brutal ! Et cette traque prenant place dans le bayou, il ne sera pas surprenant qu’un soupçon d’esprit vaudou viennent planer sur celle-ci histoire de la plonger encore davantage dans les profondeurs obscures et effrayantes… profondeurs du marais, mais également profondeurs de l’âme humaine (ou pas) !

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La troisième histoire, très justement intitulée Heritage, restera dans le sud des USA pour suivre une violente histoire de vengeance et de haine sur plusieurs générations. Haine malsaine véhiculée par le Ku Klux Klan depuis des lustres envers les noirs, haine légitime des victimes du KKK envers leurs bourreaux, haine engendrée par la haine, haine nourrissant la haine. Et si l’on dit que la vengeance est un plat qui se mange froid, elle sera ici glaciale… et servie bien sanglante, même si sortie directement des flammes de l’enfer !

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Le deuxième volet, enfin, bien que plus réaliste reste le plus flippant, car terriblement ancré dans l’époque actuelle, notre triste monde contemporain. Situé à mi-chemin entre l’enquête policière et le fait (terriblement trop) divers, ce récit démontre comment une tuerie de masse menée par un taré au cerveau bouffé par la haine et la connerie peut être récupérée et exploitée par ces gourous des temps modernes à qui les médias donnent trop facilement pignon sur rue. De véritables gourous, oui, qui à grands coups de complotisme et de conspirationnisme parviennent à distiller leur propre « vérité » dans les esprits les plus faibles pour entretenir encore et toujours cette haine de l’autre… qui aboutira fatalement à une nouvelle fusillade à exploiter !

Alors oui, tout cela tient de la fiction et – comme indiqué sur la couverture – « suspense, frissons et horreur » sont le fond de commerce des Doggybags pour s’en payer une bonne tranche bien sanguinolente, mais quand l’on sait que toutes ces histoires s’inspirent de faits réels, on est en droit de se demander comment un pays qui se veut l’un des plus développés au monde est capable d’engendrer de telles folies… et puis on se rappelle qu’ils ont élu Trump !

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* Doggybags #15 (Mad In America), de Run, Klobcar, Chesnot & Gasparutto (Ed. Ankama – Label 619)

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