Amel est une jeune fille née dans un pays d’Orient. Le pays d’Amel est en guerre. Une guerre qui lui a pris ses parents, une guerre qui lui prendra bientôt sa maison, une guerre qui lui prendra la vie, si elle ne part pas. Alors pour sauver sa vie, Amel s’en va, et laisse derrière elle son pays, sa maison, ses souvenirs, ses grands-parents… Pour sauver sa vie, elle la laisse derrière elle.
Bacem est un jeune militaire dans un pays d’Orient. Le pays de Bacem est en guerre. Une guerre qui prend des vies, une guerre qui brise des vies, une guerre qui prendra son âme s’il prend encore une vie en son nom. Alors pour sauver son âme, Bacem s’en va, il abandonne sa nation, déserte son armée, troque sa kalach pour un oud… Pour sauver son âme, son arme sera la musique.
Dès les premières frontières, les ennuis commencent pour Amel. Délestée du peu d’argent qu’il lui restait pour qu’on l’autorise à passer la douane malgré ses papiers en règle, séparée de ses compagnons d’exil, placée dans un camp pour migrants sordide, entassée avec des personnes qu’elles ne connait pas, dépossédée de ses dernières affaires personnelles dès les premiers jours, traquée par de dangereux prédateurs humains les jours qui suivent… Heureusement, son rude chemin croisera celui de Bacem qui la prendra sous son aile et, armé de son oud, lui apprendra à combattre la dure réalité grâce à l’art et au rêve.
Un livre au sujet des plus durs, donc, aux pages recouvertes d’un noir profond et étouffant, personnalisant en une fillette au regard si triste le drame de tous ces peuples désespérés et perdus, contraints de quitter leur pays déchiré par la guerre. Et pourtant, aussi poignant soit-il, jamais ce récit ne sera plombant ni déprimant, d’une part grâce à la douce poésie qui s’échappe des mots et des dessins de Nadia Nakhlé, d’autre part grâce aux touches de couleurs qui viennent rompre l’oppression de ces pages noires, signifiant la force incroyable de l’espoir et de l’optimisme dont feront preuve Amel et Bacem à chaque instant.
* Les oiseaux ne se retournent pas, de Nadia Nakhlé (Ed. Delcourt)