De cape et de crocs…
…voilà une série d’anthologie qui, 18 ans durant, a su s’inspirer d’illustres aussi divers et variés que Jules Verne, Molière, Edmond Rostand, La Fontaine, les Monty Python, Terry Gilliam, et même Jean Marais, pour nous faire voyager de Venise à Paris comme de la Terre à la Lune, croisant aussi bien le fer que le verbe avec une bande de pirates, une armée de sélénites, un fier gascon, ou encore un tempétueux loup et un malin renard !
Une aventure épique, poétique, onirique, et fantastique qui nous emporta et nous exalta tout au long de 10 tomes grandioses… jusqu’à ce bouquet final en apothéose !
Une série parfaitement maitrisée d’un bout à l’autre, mais qui, pourtant, laissera irrésolu un mystère rapprochant alors du Géronte de Molière chaque fan de la BD : « mais que diable allait-il faire dans cette galère ? »
En effet, à maintes reprises, Monsieur Eusèbe – petit lapin ô combien touchant – aura tenté de d’expliquer à ses compères comment et pourquoi il fut injustement condamné aux galères… sans jamais y parvenir, systématiquement interrompu par un nouveau rebondissement !
Justice lui est donc rendue aujourd’hui, Masbou et Ayroles lui consacrant un diptyque tout entier dans lequel il pourra tout à loisir nous conter les pérégrinations qui le conduisirent à quitter sa province natale pour monter à Paris, ville de tous les vices, où il fut tour à tour garde du Cardinal, poète, rôtisseur, saltimbanque, ou vendeur de harengs… avant d’être accusé d’un ignoble meurtre qu’un mignon petit être comme lui serait tout bonnement incapable de commettre !
Et si ce « prequel » s’inspire plus de Dumas que de Verne – l’un des sous-titres faisant d’ailleurs référence à la suite des Trois mousquetaires – et se révélera plus porté sur les intrigues politiques que l’aventure au long cours, nous y retrouverons néanmoins toutes les qualités de la série principale : un trait virtuose à la fois très fin pour un soin des détails hallucinant, et hyper-expressif pour offrir des faciès théâtraux aux personnages (parfois semblables aux masques de la comedia dell’arte), une palette de couleurs de toute beauté, et des dialogues aux petits oignons, où l’humour et les traits d’esprit se parent de leurs plus beaux atours ; rimes, alexandrins, vers et proses à faire pâlir plus d’un académicien !
Alors que j’applaudissais le bon sens d’Ayroles et de Masbou lorsqu’ils décidèrent jadis de clore leur histoire au paroxysme de sa gloire, résistant valeureusement au sempiternel appel de l’opus supplémentaire, je ne peux que me réjouir alors de ce nouveau fait d’arme qu’ils nous offrent aujourd’hui !
De cape et de crocs (Tomes 11 & 12), de Masbou & Ayroles (ed. Delcourt).
Parfait j’attendais justement de trouver la suite 🙂
Je regarde jamais avec la fnac en général, c’est bête j’y pense jamais..