Si l’on sait que l’Homo Sapiens et l’Homme de Neandertal ont cohabité durant une certaine période, la disparition de ce second – pourtant tout aussi robuste et apte à la réflexion que notre ancêtre – reste plus floue.
Et si notre lointain cousin ne s’était pas éteint, mais s’était tout simplement réfugié sous terre pour se protéger de la vague glaciaire sévissant alors en Europe ?
Et si en s’enfonçant dans des galeries de plus en plus profondes, son corps avait muté, suivant les principes de Darwin, pour s’adapter à son nouvel environnement : apparition de cornes pour éviter de se fracasser le crâne sur les plafonds rocheux, de poils pour se protéger des chaleurs intenses des grottes, de sabots pour se déplacer au mieux sur les sols rocailleux…?
Et si les représentations démoniaques communes à toutes les civilisations actuelles étaient en fait nées des récits de personnes ayant aperçu une de ces étranges créatures remontée momentanément à la surface de la Terre ?
Et si, nous, forme évoluée de l’Homo Sapiens, cohabitions encore de nos jours avec eux, forme évoluée de l’Homme de Neandertal ?
Sur ce présupposé fantasque, nous voici nous enfonçant dans les entrailles de la Terre en compagnie d’une bande de bras-cassés à la recherche d’un homme disparu lors d’une folle tentative de prouver cette théorie.
A la manière d’un Jules Vernes, Vehlmann, nous offre une savoureuse aventure mélangeant préceptes scientifiques et fantastique pur jus, empreinte d’une douce nostalgie pour les récits d’antan et joliment mise en image par le trait rond et les couleurs vives des Kerascoët. Un choix judicieux contrastant parfaitement avec la touche de noirceur hantant ce récit, la rendant encore plus surprenante et pertinente.
Malheureusement, après une ouverture parfaitement maitrisée tant sur le plan scénaristique que visuel – distillant déjà beaucoup d’éléments, construisant un univers riche et étonnant, et laissant présager un final plein de surprises dans le second et dernier tome – Dargaud avait renoncé à éditer la suite de ce diptyque.
Mais que les fans conquis par cette succulente mise en bouche et avides d’en connaître le dénouement sèchent leurs larmes : grâce aux éditions Soleil, leur rêve sera exaucé !
Ce mois-ci parait dans la magnifique collection Métamorphose Satanie : un bel album à la finition des plus soignées reprenant l’intégrale de l’histoire, du premier tome si apprécié et la fin tant attendue… et nous entrainant dans un monde à la faune et la flore extraordinaire, brillant de mille feux sous la palette hallucinante des Kerascoët !
Merci à Soleil, donc, pour ce bel objet comblant à merveilles nos attentes… et merci aux auteurs, bien sûr, pour ce fantastique voyage au centre de la Terre !
Satanie, de Vehlmann & Kerascoët (ed. Soleil – Coll. Métamorphose).