Hey, vous vous souvenez, dans DoggyBags #2, le gros kiff que nous avaient offert Ozanam & Kieran avec l’histoire d’Elwood, le bouseux ’ricain qui défonçait des putain de belles p’tites nénettes à coups de pelle dans la tronche, persuadé que derrière leurs plastiques de rêve se cachaient en fait d’horribles créatures extra-terrestres sur le point d’envahir la terre ?
Bah, réjouissez-vous, alors, car le duo se reforme afin de nous servir le plat de résistance !
Plat de résistance, car si les 30 (trop courtes) pages d’Elwood and the 40 bitches vous avaient méchamment ouvert l’appétit, vous serez comblés avec les 80 pages orgiaques de The Golden Boy (pré-publiées dans l’illustre revue AAARG !) !
Sans être vraiment la suite de la tuerie d’Elwood, cet album se place pourtant dans le même univers, mettant en scène le frangin dudit tueur : Jack.
Jack est atteint d’un mal assez similaire à celui de son grand frère : comme lui, il est victime de visions bien barrées, la version live des métaphores que la plupart des gens véhiculent prenant de facto corps sous ses yeux. Ainsi, il verra réellement sous les traits d’un vampire ce chef d’entreprise qui pompe toute l’énergie vitale de ses employés, en loups garous ces courtiers au sourire carnassier prêts à dévorer les restes de leurs malheureux clients, ou encore en zombies ces pauvres « no life » écervelés qui passent leur temps à trainer des pieds sur le pavé ou s’abrutir devant leur télé…
Mais Jack n’est pas un taré, lui, alors contrairement à son psychopathe de frangin, pour calmer ses nerfs, il préfèrera se gaver de pilules que de fracasser des crânes à tours de bras…
…enfin, jusqu’à ce que son non-moins taré de père (re)vienne foutre le bordel dans sa tête aussi bien que dans sa vie !
Et là, c’est reparti pour un tourbillon de violence et de gore, parfaitement mis en image par le trait aiguisé et tranchant de Kieran, se rapprochant plus des comics US indé’ à la Jamie Hewlett que de la BD franco-belge à papa. On sent en ces pages que le lascar s’en donne à cœur-joie, poussant encore plus à l’extrême son style explosif, découpant ses pages à la cisaille, déstructurant complétement ses cases, et se jouant des (dis)proportions pour figurer au mieux le boxon qui règne dans la tête de notre furieux schizo’ !
Alors oui, les culs-serrés de bases pourront reprocher au scénar’ d’être un peu expéditif et de manquer de finesse, de ne servir que de prétexte à un gros défouloir pour ado’ en manque de sensations fortes ; mais merde, faut bien avouer que parfois, on est bien content de se taper un bon gros trip régressif au premier degré… et que si elles sont bien goupillées, les séries Z peuvent aussi devenir cultes !
Brutal, frontal, cash et sans fioriture, un bouquin qui ne fait pas dans la dentelle… optant plutôt pour le cuir à tendance SM, balançant de bonnes grosses fessées à qui ose s’y frotter !
The Golden Boy, de Kieran & Ozanam (ed. AAARG !).