Nous sommes Charlie

nous sommes Charlie

Ce soir, comme des millions de Français, nous sommes Charlie.
Comme des millions de personnes dans le Monde, émues par le drame qui vient de frapper l’emblématique hebdomadaire satirique, nous sommes Charlie.
Nous sommes meurtris dans notre chair et dans notre âme.
Nous sommes horrifiés, bouleversés, effondrés, anéantis.

Nous sommes orphelins.
Nous pleurons la perte de parents, de collègues, de camarades, d’hommes et de femmes exemplaires dans leur engagement professionnel et dans la défense des valeurs morales auxquelles nous croyons.
Nous pleurons la perte de fantassins de la Démocratie, de la Liberté et de la Paix, qui oeuvraient chaque jour pour dénoncer les injustices et fustiger la bêtise, l’obscurantisme, les fanatismes de tout poil et les dérives du pouvoir, de droite comme de gauche.
Nous pleurons la perte de journalistes et d’artistes qui égayaient notre quotidien par leur esprit, leur humour, leur impertinence et la précision de leurs coups de plumes ou de crayons.

Nous sommes compatissants.
Nous pensons aux victimes et partageons l’immense chagrin de leurs proches.
Nous souffrons avec ceux qui sont actuellement hospitalisés, entre la vie et la mort.
Nous partageons la détresse de ceux qui ont survécu et qui doivent maintenant surmonter ce terrible choc psychologique.
Et nous sommes de tout coeur avec eux, sincèrement.

Nous sommes en colère.
Nous en voulons à ces individus qui ont pris d’assaut les locaux de Charlie Hebdo dans l’intention de commettre un véritable carnage, ôtant la vie à au moins douze personnes. Qui sont-ils? Pour quelle raison ont-ils commis ces meurtres? Au nom de qui? De quoi? Il est encore trop tôt pour le dire. On espère que l’enquête le dira et que les auteurs de ce massacre effroyable seront rapidement interpelés et lourdement condamnés.
Ce qui est certain, c’est que ces criminels sont des barbares de la pire espèce et d’ignobles lâches, qui n’ont trouvé que la violence et la sauvagerie pour s’opposer à l’humour et à l’intelligence.

Ce soir, comme des millions de Français, nous nous sentons amputés d’une partie de nous-mêmes.
Avec le décès de Cabu et Wolinski, nous avons perdu un peu de notre enfance et de notre adolescence.
On se souvient avec émotion du Grand Duduche, qui a accompagné notre scolarité, et de ces mercredis devant la télévision, où l’on voyait Cabu immortaliser en deux coups de crayon le nez de Dorothée. On se souvient des dessins fustigeant les Beaufs franchouillards, parus dans le Canard Enchaîné, qui nous ont encouragés à combattre la bêtise et la vulgarité.
On se souvient des bandes-dessinées érotiques de George Wolinski, lues en cachette, qui ont accompagné notre éveil des sens. Et de ses fines chroniques politiques dans divers titres de presse, comme L’Humanité, Libération, Le Nouvel Obs ou Paris-Match.
Avec le décès de Charb et Tignous, nous avons perdu un peu de notre âme rebelle et de notre résistance à la connerie ambiante. Ils savaient parfaitement brocarder, en quelques coups de feutre, les extrémismes politiques et religieux, la xénophobie, l’homophobie, et tout ce qui porte atteinte à nos valeurs et à notre liberté.
Avec le décès de ces douze personnes innocentes, nous avons senti vaciller la flamme fragile de la Démocratie.

Mais nous sommes Charlie.
Nous sommes courageux et déterminés à défendre nos valeurs, celles que portaient haut les victimes de ce massacre.
Nous croyons plus que jamais qu’il est impératif de préserver la Liberté d’Expression, la Liberté de Penser, la Liberté de la Presse et, d’une manière générale, les fondements de la Démocratie.
Nous resterons debout et lutterons avec nos armes – l’humour et l’esprit – contre la barbarie et l’obscurantisme.  Jusqu’à la mort, s’il le faut.

La Rédaction d’Angle[s] de vue et de la Rubrique-à-Brac

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