– Mesmo Delivery, de Rafael Grampa –

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Alors, pour le pitch, on va faire court… faut dire qu’il est pas bien long, l’intrigue de l’album pouvant se résumer en deux phrases à peine : un vieux sosie d’Elvis et un ancien boxeur trimballent une mystérieuse cargaison à bord de leur gros camion. Ils s’arrêtent faire une pause dans une station essence paumée au fin fond du trou du cul du sud de l’Amérique, tombent sur une bande de rednecks échaudés, et se mettent méchamment sur la gueule… fin.

Un peu short, me direz-vous.

Certes, vous répondrai-je.

Pourtant, l’intérêt de ce bouquin ne réside pas dans le fond de l’intrigue en elle-même, mais bien dans son traitement… qui décoiffe sauvagement !

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Au niveau du rythme, déjà : en mélangeant habilement les flashbacks aux grosses scènes de baston – qu’elles fussent à bases de poings démesurés ou de sabres aussi tranchant que des rasoirs – l’auteur nous permet de souffler un peu entre deux avalanches de violence pure, et s’amuse à nous tenir en haleine en lâchant au compte-goutte les tenants et aboutissants de cette histoire…
…D’où viennent les perso’ ? Qui sont-ils vraiment ? Pour qui bossent-ils ? Et, putain, que transportent-ils ?!

Mais le gros point fort de ce bouquin, c’est son visuel du feu de Dieu !
Le dessin jouit d’un trait tout à la fois hyper-précis et s’amusant pourtant à déformer sans vergogne les proportions afin d’appuyer encore d’avantage le dynamisme incroyable engendré par les cadrages et le découpage hallucinants des pages… parfois à la limite de la bande dessinée et du storyboard d’un film d’action bien costaud !
Et lorsqu’on parle de trait, il serait plus juste d’accorder le terme au pluriel, tant leur multitude est poussée à son comble, une surabondance qui envahit chaque millimètre de papier, ne laissant que peu d’espace libre et engendrant une sensation écrasante et oppressante, étouffante à souhait !

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En feuilletant le bouquin, on pense au No Hero de Warren Ellis et Juan José Ryp, on pense aux délires barrés de Robert Rodriguez, on pense à Street Fighter ou à ce putain de Ken-le-Survivant qui nous rendait dingues quand on était gamin… on pense à tout ça et à bien d’autres références encore, et puis – BIM ! – on se prend une grosse droite dans la mâchoire et on ne pense plus à rien, on se laisse juste embarquer, sonné mais ravi, par cet ouragan de folie furieuse !

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Mesmo Delivery, de Rafael Grampa (Ed. Ankama).

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