Il y avait Dracula, le vampire gothique et romantique qui posa les codes du genre, il y a eu Blade, le vampire découpeur de têtes à grands coups de sabre qui ravissait les geeks assoiffés d’hémoglobine, il y a aussi eu Robert Pattinson, l’ersatz adolescent du beau ténébreux qui n’excitait que les minettes encore vierges (de toute émotion)… et puis il y a Larry et Mogul, deux vampires qui trainent leur canines pointues dans la banlieue craignos de Buenos Aires.
Pile à l’inverse des exemples ci-dessus, ces deux vampires-ci n’ont rien de bien glamour : plus proches du clodo’ que du prédateur nocturne, ils puent la mort, ils ont une vieille peau de cadavre, des dents toutes pourries, et faute de sang frais pour étancher leurs besoins primaires, ils se contentent d’un misérable boudin noir acheté grâce aux trois misérables pesos gagnés en revendant des cartons usagés.
Pas très glorieux, hein ? Et en plus de cette vie merdique, ils doivent composer avec les ripoux de la police « paranormale » qui harcèlent sans scrupule ces pauvres hères afin qu’ils leurs graissent un peu la patte au passage.
De là, Angel Mosquito s’amuse à embarquer ses losers dans une histoire bien barrée et recouverte d’une bonne couche d’humour absurde et cradingue, pour mieux balancer sur la société argentine actuelle et sa non-assistance aux laissés-pour-compte, aux victimes de la crise, aux paumés purs et simples… quels que soient leurs efforts pour tenter de se réintégrer.
Une relecture peu reluisante et inattendue du mythe du vampire – tant sur le plan graphique que sur le ton employé – qui tiendra finalement plus de la BD anarchico’indé’trash que du conte fantastique !
La crampe, d’Angel Mosquito (ed. Rackham).
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