Copacabana… ce nom chantant évoque à lui seul tout le côté festif du Brésil où il fait bon aller danser sur les plages, un cocktail bien frais à la main et une jolie fille bien bronzée au bras !
Pourtant, ce paysage idyllique de carte postale ne camoufle-t-il pas finalement une réalité autrement moins enchanteresse ?
C’est justement cette face cachée de Copacabana que Lobo et Odyr ont décidé de dépeindre dans cet album du même nom. Grâce à un trait épais et sombre illustrant la noirceur de l’atmosphère hantant les bas-fonds de ce quartier, et des dialogues incisifs et brutaux relatant la violence qui y règne, les auteurs nous plongent dans un univers glauque et décadent où la loi du plus fort fait foi… et où chacun tente de survivre à sa manière.
Mais plutôt que de donner dans le reportage plombant ou voyeuriste, notre incursion dans ce Copacabana dangereux et poisseux nous sera proposée sous forme d’un polar teinté de romance (et inversement), nous entrainant sur les pas d’une prostituée embarquée malgré elle dans une sombre histoire de meurtre.
Une façon intelligente de décrire le quotidien de ces filles évoluant dans les nuits moites et viciées du quartier tout en l’agrémentant du piquant d’une histoire bien menée et des émotions suscitées par des personnages soignés et attachants.
Un habile dosage entre témoignage et fiction, intelligent et captivant, dévoilant sans détour ni atour une image du Brésil qui contraste radicalement avec ces clichés aimant se focaliser sur les paillettes de son carnaval et les exploits de ses stars du foot.
Copacabana, de Lobo & Odyr (ed. Warum).