Pénélope habite une bien triste ville de province, terne et maussade, rongée par le chômage, la crasse, et le vice. Abandonnés à eux-mêmes et résignés, ces congénères tentent d’oublier leur enfer de vie au fond d’une bouteille ou dans les bras d’une fille de joie… qui n’en a que le nom, de joie.
Dans ce marasme, Pénélope à tout-de-même réussit à se trouver un amoureux. Un artiste, même !
Quelqu’un nourrit d’ambitions qui comprendra donc aisément son rêve de devenir une grande chanteuse afin de fuir loin de ce cloaque déprimant. Malheureusement, ses ambitions passant avant celles de son aimée, le bonhomme lui explique sans vergogne que sa vie d’artiste à lui serait beaucoup plus confortable si elle consentait à reprendre le salon de coiffure de son père.
Heureusement, Pénélope à une amie, de celles que l’on s’autorise à qualifier de « meilleure amie », même ! Sucette, qu’elle s’appelle.
Sucette est prête à tout pour aider son amie. Jusqu’à justifier son surnom auprès de la célébrité locale pour qu’il accepte d’octroyer gratuitement des cours de chant à Pénélope. Un sacrifice pas si valeureux que ça lorsqu’on sait que sa volonté d’aider Pénélope à devenir chanteuse cache en réalité son désir de prendre sa place dans le salon de coiffure de son père.
Et son père, parlons-en, d’ailleurs !
Non…? Vous trouvez cette histoire déjà assez sinistre comme ça ?
Et bien justement, pour en adoucir l’aspect, les auteurs ont eu la bonne idée de la transposer dans l’univers des cloportes !
En déshumanifiant les perso’, et en ajoutant une bonne dose d’humour à tout ce p’tit monde, la pastille passe carrément mieux. Bon, noir et cynique, l’humour, certes… mais putain de drôle quand-même !
D’autant que le père Guerse, d’une part, n’est pas le dernier pour dessiner les bonne sales trognes, et d’autre part, nous offre un soin du détail aux p’tits oignons sur ce monde insectoïde, doublé d’un superbe travail sur les couleurs, explorant toute la palette des teintes allant du caca d’oie au jaune pisseux pour coller au mieux au thème.
Et ce qui est fort, c’est que finalement, en mettant en scène ces bébêtes, c’est bien de la bêtise de l’Homme dont ils se foutent ! Car si l’album s’intitule Vermines, c’est sûrement pour l’aspect physique de cette (pas si) joyeuse petite bande, mais également pour leur morale loin d’être irréprochable… et pas si loin de celle de nos semblables !
Alors, marrez-vous en lisant les mésaventures de ces vermines, amusez-vous à trouver les ressemblances pas du tout fortuites avec des personnes ayant existées… et méfiez-vous de ne pas tomber au coin d’une case sur celle qui vous correspondrait un peu trop !
Vermines, de Guillaume Guerse & Marc Pichelin (ed. Les Requins Marteaux).
PS : Les fans des Requins Marteaux ont sûrement déjà eu l’occaz’ de croiser ces drôles de p’tites bestioles dans les pages du magazine Ferraille, voir dans un fanzine que môssieur Guerse revendait sous le manteau via son site… Ils seront donc ravis de (re)découvrir une de ces histoires en version « deluxe » dans le Vermines Magazine gracieusement offert avec l’album !