Lors d’une précédente chronique (ici), afin de définir le style graphique de Pochep, j’osais la comparaison avec des grands môssieurs de l’Umour et la Bandessinées tels que Cabu ou Gotlib. Aujourd’hui, force est de constater que son style s’est singularisé, a évolué vers quelque chose qui – sans renier ces insignes influences – se révèle nettement plus fin et personnel.
Bon, attention, tout-de-même : quand je dis plus fin, je parle de « son univers », hein, pas de ce qu’on trouve concrètement sur le papier !? Non, en ces pages, on continuera de se délecter de ses bonnes grosses gueules dont le lascar à le secret, et de cette façon très théâtrale qu’il a de faire sur-jouer ses perso’ pour que la colère devienne fureur, la peur un véritable effroi, et le désir une tension sexuelle sans pareil !
Trait qu’il n’hésite pas non plus à grossir dans le contexte (le con texte ?), se vautrant allègrement dans les préjugés et autres clichés pour mieux se les approprier, les détourner et s’en moquer.
Ainsi, dans ce recueil d’histoires, il transposera un mythe de l’explosif film SF américain dans un morne bled au fin fond du trou du cul de la France, s’emparera des plus puissants super-héros de l’univers pour les mettre à mal devant une armée d’avocats malingres armés du sacro-saint Code Pénal, collera une belle moustache à Lady Oscar transformant ainsi ce symbole de la Révolution Française en un symbole de la Révolution Sexuelle, ou encore balancera un sheriff gay tout de rose vêtu dans un far west pourtant plus prompt à véhiculer l’image d’archétypes masculins sévèrement burnés et débordant de testostérone crasse !
Mais où le bonhomme est balaise, c’est que derrière ce premier degré extrêmement drôle (ce qui n’est déjà pas donné à tout le monde), le second degré, lui, s’attaque mine de rien à des thèmes en plein dans l’actualité, comme par exemple l’addiction aux réseau sociaux ou l’islamophobie via les tribulations d’Anatomiquor, pauvre homme anatomique rejeté de tous !
Vous comprenez maintenant pourquoi, vieux fans des grands anciens comme petits djeun’s en quête de LOL, tous s’accordent à clamer d’une seule voix : Pochep est grand !
Dress Code, de Pochep (ed. Vraoum).
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