Tac, tac… deux petits coups de raquettes pour enlever la terre battue collée sous la chaussure.
Tac, tac… l’autre chaussure.
Hop, d’un geste rapide il replace une mèche de cheveux derrière l’oreille, s’essuie la goutte de sueur qui coule le long du nez, et décoince son short d’entre ses fesses musclées.
Poc, poc… il fait rebondir deux fois la balle sur le sol, la lance haut dans les airs, et PAF, l’expédie à plus de 200 km/h… droit dans le filet.
Deuxième essai.
Tac, tac… deux petits coups de raquettes pour enlever la terre battue collée sous la chaussure.
Tac, tac… l’autre chaussure.
Hop, d’un geste rapide il replace une mèche de cheveux derrière l’oreille, s’essuie la goutte de sueur qui coule le long du nez, et décoince son short d’entre ses fesses musclées.
Poc, poc… il fait rebondir deux fois la balle sur le sol, la lance haut dans les airs, et PAF, l’expédie à plus de 200 km/h… à l’extérieur du terrain adverse.
Le score s’affiche sur l’écran de contrôle : 0-15.
Point suivant.
Tac, tac… deux petits coups de raquettes pour enlever la terre battue collée sous la chaussure.
Tac, tac… l’autre chaussure.
Hop, d’un geste rapide il replace une mèche de cheveux derrière l’oreille, s’essuie la goutte de sueur qui coule le long du nez, et décoince son…
Quoi ?
Vous trouvez lassant que je vous décrive un match de tennis dans ses moindres détails ?
Peut-être car je n’ai pas le talent de Grégory Panaccione !
Ha mais si, je vous assure, le bonhomme se frotte à l’exercice – périlleux – et le résultat est totalement bluffant : près de 300 pages de BD muettes sur deux messieurs qui jouent à la baballe… et qu’on s’enfile d’une traite, totalement absorbé !
D’une part, grâce à un sens de la narration et du découpage des plus soignés, associé à un trait faussement simple, hyper-lisible et hautement expressif, qui offrent une fluidité et un dynamisme hallucinant à ces pages. D’autre part grâce à ce ton absurde qu’il adopte et qui nous ravit de bout en bout… car attention, hein, si le mot « absurde » peut péjorativement être interprété comme « bête » ou « idiot », ici, c’est tout l’inverse : Panaccione se balade plutôt du côté des maîtres de l’absurde comme l’étaient les Monty Python, et met en scène un personnage délicieusement loufoque, de manière aussi drôle qu’intelligente !
Alors plutôt que de perdre votre temps devant France 2 à écouter Nelson Montfort s’extasier devant les exploits d’un vendeur de Kinder Bueno, choisissez plutôt de suivre ce Match-là : le résultat est autrement plus inattendu et captivant !
Match, de Grégory Panaccione (ed. Delcourt – Shampooing).
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