A plusieurs reprises nous avons eu l’occasion d’embarquer pour le Vietnam aux côtés de Clément Baloup, que ce fut via les témoignages de ceux ayant subit la guerre face aux USA et ses conséquences, ou encore des œuvres de fiction s’y déroulant, comme cette histoire d’amour aussi belle que cruelle sur fond de guerre d’Indochine qu’il nous conta dans La concubine rouge.
Aujourd’hui, nous remontons encore un peu le temps, pour suivre Clément dans un Vietnam médiéval, à la suite d’un vieux vagabond au faciès simiesque, un brin vaurien sur les bords, mais loin d’être dénué de toute valeur.
Ainsi, quand une bande de petites frappes s’en prendront à un pauvre villageois sous ses yeux – et renverseront son bol de soupe au passage – le sang du vagabond ne fera qu’un tour avant qu’il ne leur inflige une correction digne de ce nom.
Les dons de castagneur du vieux Mong Kheo se révélant incontestables, la vieille tenancière verra automatiquement en lui la personne idéale pour retrouver sa petite-fille disparue, sûrement kidnappée par des brigands avant d’être revendue à l’un des bordels de la grande ville avoisinante.
Le vieux grigou, peu touchée par l’histoire de la mamie, acceptera tout de même, voyant là l’occasion de se faire ouvrir le couvert, le gite, quelques sous pour financer la suite de son voyage… et pourquoi pas, un bon prétexte pour aller questionner deux ou trois filles de joie !?
Manque de pot, si son corps se frictionnera à d’autres, se sera plutôt à ceux des membres des triades locales, bien décidées à ce que personne ne fourre son nez dans leurs petites affaires !
Et à l’image d’un Zatoïchi – le vieux voyageur aveugle et néanmoins fort habile au maniement du sabre porté à l’écran par maître Takeshi Kitano – ce vaurien qui ne paye pourtant pas de mine au premier abord saura se montrer droit et valeureux, implacable et impitoyable face aux hordes d’affreux bonhommes oppressant la veuve et l’orphelin.
Un livre sur l’honneur et la bravoure, donc, mélangeant le sens des valeurs et le sens de l’humour à l’Histoire et aux croyances ancestrales, piochant tant dans le conte traditionnel un brin naïf que dans le roman d’aventures pur jus, et très justement illustré par un Clément Baloup aussi à l’aise sur les scènes d’action que sur les magnifiques paysages issus de ses douces aquarelles…
Le vaurien, de Clément Baloup (ed. La Boîte à Bulles).