– Sixteen Kennedy Express, d’Aurélien Ducoudray & Bastien Quignon –

Aurélien Ducoudray et Bastien Quignon m’ayant offert beaucoup d’émotions avec leur magnifique El Paso, c’est donc avec joie que je vous parle aujourd’hui de Sixteen Kennedy Express, leur nouvel album commun au sein des éditons Sarbacane.

Dès les premières pages, on retombe sous le charme des dessins de Quignon ; doux, feutrés, et aux contours incertains, comme s’ils illustraient les souvenirs un peu flous et lointains de notre tendre enfance.

Des dessins qui ne se focalisent pas sur l’action, mais au contraire, prennent le temps de s’arrêter sur un détail, un instant… ces petites choses pouvant paraître insignifiantes au premier abord, mais qui nous forcent pourtant à ralentir la lecture, et ainsi, coller au mieux au rythme lent et paisible de la vie au sein cette petite bourgade du fin fond de l’Amérique des années 60.

Un rythme peut-être même un peu trop lent et paisible au gout de Rob, ce jeune garçon de 14 ans qui, du fait de son bras plâtré, se retrouve bloqué chez lui pendant les grandes vacances et supporte difficilement ce temps qui ne s’écoule pas.
Le seul fait marquant de cet été est le passage du train convoyant le corps de Robert Kennedy, tout fraichement assassiné, soit quelques brèves secondes de distraction sur deux longs mois à tourner en rond.

Et pourtant, ces quelques secondes changeront du tout au tout ses vacances, si ce n’est sa vie !
En effet, lors du passage du train, ses pas croiseront ceux de Sixteen – un joli brin de fille fraiche et vive, un poil espiègle et provocante, mais ô combien craquante – qui le sommera de l’embrasser, comme ça, de but en blanc… le contaminant ainsi de sa folie douce et salvatrice !

Une amourette qui viendra comme un rayon de soleil égayer son triste été, mais qui aura également le mérite de remuer un bon coup notre jeune ado’ ; ouvrant enfin ses yeux sur le vaste monde qui l’entoure, lui qui ne voyait jusqu’ici au travers du regard très restrictif, austère, et vieux jeu de ses parents.

Un agréable moment plein de nostalgie et de douce mélancolie, donc, mais aussi la photographie d’une époque et d’une société, au léger parfum de plaidoyer pour la tolérance et l’ouverture d’esprit…

Un second album à l’image du premier : beau, touchant, à la fois très simple et vraiment malin !

Sixteen Kennedy Express, d’Aurélien Ducoudray & Bastien Quignon (ed. Sarbacane).