Alex et son pote Moudy bossent dans une déchetterie, au tri des ordures ménagères. Pas passionnant, comme boulot. Pas passionnant ni forcément de tout repos, surtout quand ils doivent se frotter aux gitans du camp voisin, pas franchement amicaux, qui viennent farfouiller dans ce qui déborde de nos poubelles.
La vie de Moudy n’est pas plus rose lorsqu’il quitte son boulot, réintégrant alors le foyer pour immigrés dans lequel il loge, croulant sous les regards pesant de ses convives n’appréciant que très peu son homosexualité.
Pas loin de là, sous les ponts de Barbès, Samir deale à la sauvette des clopes à pas cher. Pas le meilleur des boulots non plus, mais disons qu’il lui permet au moins de récolter l’argent nécessaire à l’achat de ces faux papier qui ferait presque de lui un français en bonne et due forme… sauf s’il se fait racketter ledit argent par les flics ripoux qui patrouillent dans le quartier !
Trois âmes pas perdues mais presque, qui survivent plus qu’ils ne vivent, qui ne pouvaient que se rencontrer, et – même si les conditions de leur rencontre ne furent pas idéales – se serrer finalement les coudes pour faire bloc face à cette chienne de vie.
Trois âmes qui prennent vie sous le pinceau virtuose d’Olivier Cinna, qui d’un trait épais, vif, et aérien, découpe leur profil lumineux et plein d’espoir sur les murs noirs d’une banlieue triste et sale.
Et de l’espoir, il leur en faudra – de l’espoir et bien plus – pour encaisser les nombreux coups durs que leur réserve leur sombre destin… surtout au vu de la situation quasi’ inextricable sur lequel se clôt se premier tome.
Un premier tome de présentation posant les bases de ce qui s’annonce comme un terrible diptyque pile à la frontière de la critique sociale bien amère et du polar bien dark.
Ordures, Tome 1/2, de Stéphane Piatzszek & Olivier Cinna (ed. Futuropolis).