Moi, si j’gagne au Loto, j’m’achète une maison de ouf’ avec une pièce remplie de bédés !
Ou mieux : j’m’achète carrément une librairie !
Quoique, non : si j’gagne au Loto, pas moyen d’me mélanger avec le petit peuple…
…du coup, au lieu d’m’acheter une librairie, j’m’achète plutôt un libraire, tiens ! Comme ça, hop, il gère mon stock perso’ comme un pro’, et il m’amène les nouveautés direct dans mon jacuzzi, sans que j’ai besoin d’me bouger les fesses !
Non, mais bien sûr, si je gagne au Loto, j’achète une maison à ma mère, aussi… et puis à mes potes… et puis aussi, je refile un gros chèque qui-va-bien aux Restos du Cœur, j’suis pas rat… ah ouais, et à la recherche contre le cancer, bien sûr : vaut mieux prévoir le coup, au cas où cette merde me tomberait dessus !
Comment ça, je m’éparpille ?
Vous croyez qu’c’est facile, vous, d’être riche ?!
Heureusement, pour nous aider à parer à cette éventualité, Marion Montaigne (mais si, la fameuse Professeur Moustache, là), nous propose aujourd’hui Riche, pourquoi pas toi ?, le livre idéal pour comprendre ce monde hors du commun où l’argent coule à flots !
En suivant la nouvelle vie de Mr Brocolis, français moyen venant de remporter le gros lot au Loto, la reine de la vulgarisation passe à la moulinette toutes les questions (et même plus) que jamais nous n’oserions poser sur les riches. Toujours soucieuse de poser son argumentation sur des bases solides, l’auteure s’est associée pour l’occasion à un couple de sociologues spécialistes du sujet, eux-mêmes mis en scène en ces pages en tant que professeurs « ès-riches » en charge de guider Mr Brocolis dans ce monde impitoyable et bardé de codes à respecter.
De là, tout le monde y passe : les nouveaux riches aussi ridicules que m’as-tu-vu, les vieilles familles bourgeoises qui se refilent leurs richesses de génération en génération, les grands banquiers qui spéculent avec l’argent de ceux qui n’en n’ont pas, les politiciens qui cautionnent allègrement ce business pour mieux en profiter, le pauvre français de base qui bave devant la nouvelle voiture de Bekham, et même le couple de sociologues himself en mode gaucho’ mélenchonistes…
…pas de jaloux, chacun en prend pour son grade sous le crayon vif et acéré de Marion Montaigne !
Après la science, la prof’ change donc de thème en s’attaquant alors à la sociologie, et si la recette reste pourtant la même – mélange parfaitement dosé d’humour caustique, de références habilement détournées, et de connaissances mises à la portée de tous – le résultat, loin de lasser, s’avère toujours aussi succulent… furieusement drôle et réellement instructif !
Riche, pourquoi pas toi ?, de Marion Montaigne (ed. Dargaud).
Encore un superbe livre de Marion sans un relou qui parle de peau morte dans son labo
super vulgarisation des travaux des Pinçon-Pinçon Charlot, on se marre à tous les étages
« Après la science, la prof’ change donc de thème en s’attaquant alors à la sociologie »
c’est du chipotage de bas étage, mais en tant que pratiquant des sciences humaines, cela me chagrine toujours de voir cette distinction si courante et si insultante pour certains entre les sciences (les vraies, les dures) et le reste, philosophes, historiens, sociologues, amuseurs et autres idiots utiles…
y’a des tas de Durkheim et de Bourdieu qui sont morts au Vietnam pour que les sociologues puissent faire de la sociologie à l’université et pas dans les bacs à sable
sciences humaines, mais sciences quand même !
Ha ha, point de chipotage, je comprends ta position et ta réaction face à ma tournure de phrase… peut-être parce que je suis, moi, biochimiste de formation, et donc scientifique pur et dur avec des petites éprouvettes et tout (je suis le gars qui parle des « cellules-mortes-à-cause-du-shampooing » dans le tome 2 de Tu Mourras Moins Bête).
Je faisais ici le distingo entre les sciences de labo’ et la science qu’est la sociologie pour marquer la différence par rapport aux thèmes abordés dans Tu Mourras Moins Bête, ce livre-ci étant vraiment différent de ses précédents ouvrages.