Belgique, 1940. L’Allemagne déclare la guerre à la Belgique. Comme une poignée d’autres se refusant de « travailler pour les boches », le jeune Yvon décide de résister à sa manière en partant se cacher dans la forêt avoisinant son village.
Il y vivra quatre ans, comme une bête traquée, apeuré et survivant du peu que la nature lui fournit.
A la fin de la guerre, Yvon n’envisage plus de vivre sur ces terres ravagées lui rappelant constamment l’enfer qu’il y vécu, et embarque sans plus attendre sur un bateau en partance pour le Congo Belge.
Sur place, il découvre un véritable paradis, et vit tel un roi sous le ciel bleu de ce beau pays.
Seulement, une vie de roi n’implique-t-il pas forcément des valets ?
Yvon, entouré de domestiques et patron implacable de son exploitation, ne risque-t-il pas de perdre alors son âme ?
Devenant de plus en plus dur, prenant sans remord – et même avec plaisir – la vie de nombreux animaux lors de ses fréquentes parties de chasses, exploitant les indigènes sans vergogne pour son propre intérêt…
…victime d’antan, n’est-il pas finalement en train de devenir bourreau à son tour ?
Yvon et ses amis colons ne sont-ils pas en train de transformer ce paradis en enfer, à l’image des allemands envahissant jadis sa Belgique natale ?
Sous ses abords innocents, ses dessins naïfs et ses couleurs vivent – qui, ceci dit, illustrent parfaitement les états émotionnels du héros – ce livre se révèle bien plus profond et plus dur qu’on ne pourrait l’imaginer, traitant des heures sombres de l’Histoire de la Belgique et de sa colonie, et n’épargnant en aucun cas ses personnages, pointant leurs défauts sans concession… et ce, même s’il s’agit des ancêtres de l’auteur !
Un témoignage historique et personnel à la fois, suscitant un intérêt certain et des émotions diverses… compassion, douleur, colère, ou affliction.
Les jardins du Congo, de Nicolas Pitz (ed. La Boîte à Bulles).