Il est un monde étrange où certaines parties du corps – et même quelques objets – sont affublés de jambes et de bras, et vivent leur propre vie comme si de rien…
Ainsi, il ne sera pas étonnant d’y croiser une paire de couilles ou un marteau déambulant tranquillement en ville, ni d’y observer de jolis couples affichant fièrement leur amour comme cette moule et cette frite, ce doigt et ce nez, cette vis et ce boulon…
Parmi ces joyeux drilles, deux pauvres hères continuent pourtant de se morfondre sur leur destin, et plus particulièrement sur leur solitude : d’un côté, cette main qui se tourne les pouces, et de l’autre, cette bite qui n’en branle pas une.
« Une bite et une main ? » me direz-vous, « mais ils sont faits l’un pour l’autre ! »
En effet… malheureusement, elle, promène ses jolis doigts manucurés dans les quartiers chics de la capitale, tandis que lui, zone mollement dans les bas quartiers de banlieue.
Pourtant, un jour, lors d’une expo’ d’art contemporain, leurs chemins finiront par se croiser, et en un regard à peine, un désir palpable naitra entre les deux âmes solitaires : la main deviendra toute moite, alors que la verge n’en finira plus d’ériger…
Mais le trouble sera plus fort que la passion, et après un simple, timide, et unique « bonjour », les mots manqueront cruellement à nos cœurs en détresse.
Chacun rentrera donc chez lui, bredouille mais brulant d’une furieuse envie charnelle, se laissant finalement aller à l’onanisme en rêvant aux milles délices qui auraient pu naître de leur union…
Un opus assez particulier dans la collection BD-Cul, donc, moins excitant que la Comtesse d’Aude Picault, moins drôle que la Bibite à Bouzard, moins trash que les Melons de Vivès, et pourtant pile à sa place au (gros) sein de cette série : original – à la limite du conceptuel tout en étant extrêmement facile à aborder –, pertinent graphiquement – tant sur son style retro-kitschouille en noir et blanc que sur les aquarelles issues des fantasmes d’une bite dans une main –, et s’offrant même de coquètes touches de poésie et de mélancolie de-ci de-là !
Un livre que j’applaudirais volontiers si l’une de mes deux mains, bouleversée par cette lecture, n’était partie offrir une chaude et réconfortante compagnie à ma bite !
Q, de Mrzyk & Moriceau (ed. Les Requins Marteaux).
Je te trouve très en verge aujourd’hui 🙂
Huhu, il est vrai que j’ai tout mis en branle pour cet article !