Un jeune homme et un étrange chien sans visage se promènent dans la nature.
Le jeune homme lui raconte une histoire. Son histoire. Son adolescence, plus précisément.
Il lui raconte comment suite à une rupture amoureuse, il s’est mis à la fumette avec son pote Andy, comment une histoire de cœur compliquée l’amena à s’essayer aux extas avec les premiers venus, comment la fin de cette histoire le fit sombrer encore plus loin dans l’addiction à tout un tas de drogues.
Il lui raconte comment de cette addiction est né cet alter-ego anthropomorphe, cet autre lui-même à l’aspect fou qui le suit comme une ombre, entretient sa paranoïa, lui souffle ses décisions, et prend finalement le contrôle de sa vie.
Il lui raconte comment il dut dresser cet alter-ego, apprendre à le dompter, réussir à le rendre docile pour, petit à petit, reprendre le contrôle de lui-même et décrocher doucement de cette vie de déchéance qu’était devenue la sienne.
Sascha Hommer nous raconte une histoire. Son Histoire ? Son adolescence, peut-être ?
Il nous raconte comment l’échec, le doute, la peur, l’ennui, la recherche de soi, la recherche de sensations fortes, le mal-être, dans sa tête comme dans son corps, et tant d’autres choses propres à cet âge ingrat peuvent tirer chacun au plus bas, et comment le combat s’avère difficile une fois que l’on a touché le fond.
Il nous le raconte avec un ton empreint de mélancolie et de désillusion, mais évitant soigneusement de sombrer dans quelque chose de glauque ou de malsain en teintant le tout d’une certaine poésie, un certain onirisme.
Il nous le raconte d’une manière si douce, allégeant la dureté du propos par ses dessins au trait si délicat, sensible et fragile… à l’image de ses personnages.
Sascha Hommer nous raconte une histoire. Une histoire touchante et émouvante. L’histoire d’une adolescence perdue et sacrifiée dans un monde en manque de repères.
Quatre yeux, de Sascha Hommer (ed. Atrabile).