– Piège sur Zarkass, de Yann & Didier Cassegrain –

Après deux premières incursions réjouissantes (click), Ankama et Comix Buro continuent leur exploration de l’univers de Stephan Wul en confiant à Yann et Didier Cassegrain l’adaptation de son roman Piège sur Zarkass.

Néanmoins, nous remarquerons dès les premières pages un radical changement d’ambiance sur cette nouvelle série : si ses deux grandes sœurs adoptaient un ton pour le moins sérieux – pour ne pas dire pessimiste quant à l’avenir qu’elles prédisent à l’Homme – Piège sur Zarkass opte, elle, pour une approche beaucoup plus légère et humoristique.

Bien que les sujets de fond ne soient pas spécialement gais (la colonisation et ses conséquences néfastes sur les autochtones, leur mode de vie, leur écosystème…), ils ne seront pas abordés ici de manière frontale, mais uniquement évoqués au beau milieu des conversations des deux héroïnes principales, bien plus inquiètes pour leur propre petite vie que pour celle d’un peuple entier ou d’une planète.

Fort de ce principe, le récit s’éloignera des codes de la SF de base et ses grandes valeurs, pour se diriger plutôt vers une folle aventure où l’on s’amusera des péripéties de nos demoiselles en expédition sur une planète hostile où le danger les attendra derrière chaque arbre de son immense et dense jungle.

Alors peut-être que les fans purs et durs râleront face à un tel parti-pris, mais bien d’autres se délecteront des situations comiques et des dialogues bourrés de jeux de mots à la con que nous livre Yann dans sa vision de Zarkass.

D’autant que quitte à faire des infidélités au matériau originel, il remplace carrément les deux héros du binôme imaginé par Wul par deux demoiselles au caractère bien trempé, créant au passage une société matriarcale où les hommes auraient été mis au placard par les femmes, bien plus responsables qu’eux et exaspérées par leur incompétence à gérer notre monde.

Une idée qui s’avère doublement bonne : non seulement d’un point de vue scénaristique, mais également au niveau du visuel, Didier Cassegrain nous ravissant les yeux avec ces jolies petites poulettes à mille lieues du caractère asexué prôné par ladite société matriarcale… héhé !
Mais Cassegrain n’est pas bon qu’à dessiner des corps appétissants, il nous enchantera également avec ses décors époustouflants, offrant à Zarkass une faune et une flore épatantes et aux couleurs flamboyantes…

Si Stefan Wul fut l’un des grands auteurs SF des années 60, Yann et Cassegrain l’invitent à un voyage dans les années 80 – à cette époque où les duos improbables donnèrent vie aux buddy movies – pour nous rejouer A la poursuite du Diamant Vert… à l’autre bout du système solaire !

Piège sur Zarkass, de Yann & Didier Cassegrain (ed. Ankama / Comix Buro).