Si Lama chantait « j’suis mais cocu mais content », Didier, lui, n’est pas près de reprendre ce refrain.
Depuis qu’il a surpris sa femme dans les bras (draps) d’un ami de longue date, le pauvre homme n’est plus que l’ombre de lui-même : s’il s’efforce de faire bonne figure en affichant son sempiternel sourire et sa légendaire bonhommie face aux clients de sa boucherie, Didier souffre au plus profond de lui.
Tristesse, haine, dépit, nombreuses sont les formes qu’empruntera la douleur infligée par cette terrible trahison… et le seul moyen de s’en départit s’avérera être la vengeance !
Mais comment se débarrasser définitivement de son rival pour enfin récupérer sa femme ?
La réponse à cette question, Didier la trouvera en se penchant sur l’une des vieilles BD de sa chère collection, et fera preuve d’une grande malice pour fomenter son plan machiavélique.
Toujours aussi à l’aise pour raconter la vie de tous les jours, Rabaté donne vie à un personnage terriblement humain, auquel on s’attache immédiatement, éprouvant une énorme empathie à son égard.
Au niveau graphique, si le trait de Simon Hureau reste toujours aussi minutieux sur les décors – très détaillés et vraiment représentatifs de cette France « normale » -, il tend à l’épure lorsqu’il illustre le personnage de Didier, peut-être pour se rapprocher de la ligne claire chère à cette BD franco-belge dont il s’inspire…
Enfin, mention aux couleurs de Claire Champion, douces et lumineuses, qui évitent au récit de sombrer dans une ambiance trop glauque malgré le sujet pas forcément joyeux dont il traite.
Un très bon album à la croisée des genres, entre satyre sociale, thriller amoureux, et joli hommage au neuvième art…
Crève saucisse, de Pascal Rabaté & Simon Hureau (ed. Futuropolis).
Je sais pas si c’est un problème de maquette commerciale mais avant de lire ta chronique j’avais pas franchement envie d’ouvrir l’album. À voir donc ^^