– Intervew de Nicolas Otéro & Aurélien Morinière (Uchronie[s]) –

Le festival Quai des Bulles fut une jolie occasion de se retrouver entre passionnés de bande dessinée, d’assister à de belles expositions autour du neuvième art, mais aussi de rencontrer des auteurs dans d’agréables conditions, et discuter tranquillement avec eux sur fond de mer et de ciel bleu…

Revenons aujourd’hui sur la rencontre de Vinz’ avec Aurélien Morinière et Nicolas Otéro, dessinateurs illustrant un scénario de Corbéyran sur New Beijing et New Moscou, les deux nouveaux opus de la tentaculaire série Uchronie[s].

Vinz’ : Pour commencer, j’aimerais que nous parlions un peu de bande dessinée… Quels sont vos premiers souvenirs BD ?

Aurélien Morinière : La première BD qui me revient à l’esprit c’est un Buck Rogers de 1974, préfacé par Ray Bradbury… mais j’ai découvert que plus tard l’importance de la préface.

Nicolas Otero : Ayant vécu dans un placard jusqu’à 9 ans, et le temps de chercher à manger une fois sorti, je n’ai pas de souvenirs avant l’âge de 10 ans !
Après, j’ai été vraiment marqué par un Blueberry : Le spectre aux balles d’or. J’ai plus ou moins appris à lire sur les Tintin de mon père, au dessus de l’épaule du grand frère, mais le vrai grand kiff fut quand même Giraud !

 

Vz : Comment êtes-vous venus à faire de la BD ?

AM : Ah moi, ça m’est tombé dessus : un jour, tu croises un type qui écrit des histoires, et tu finis par signer un contrat !

NO : On a tous plus ou moins griffonné des feuilles de cahier à l’école, mais j’ai eu un parcours assez chaotique, et quand je me suis retrouvé dans une école d’art, je me suis dit : « quitte à faire quelque chose de ma vie, autant faire quelque chose qui me plait ! »

Vz : Et pour votre participation sur la série Uchronie[s] ?

AM : C’est un peu le même schéma pour Nico et moi : on connaissait tous les deux Eric Corbeyran avant, et un jour, il nous est tombé sur le col en nous disant : « j’ai un truc pour vous, est-ce que ça vous intéresserait ? »

NO : « Euh, moyen »… ha ha !

AM : Il nous a contactés à un moment intéressant de nos « carrières », si on peut dire ça : c’était il y a à peu près 2 ans, de notre côté, on avait déjà fait des trucs avant, et sur Uchronie[s], il manquait quelques « tome 3 » et l’épilogue.

 

Vz : Comment s’est passée votre collaboration dessinateur / scénariste ? Vous aviez des contraintes spéciales ?

AM : Il y a les références par rapport aux personnages de la première saison à respecter, une contrainte de la part de Glénat de les sortir à très peu d’intervalle, à des dates assez précises…

NO : Ouais, rentrée littéraire, début octobre… Sortir à cette période là est une bonne chose au niveau du soutien et de l’exposition médiatique.

Vz : Vos premiers coups de crayon sur la série datent de quand ?

NO : J’avais fini Uchronie[s] juste avant de bosser sur le tome 8 d’Amerikkka, sorti cet été.

AM : Moi, le tome 1, je l’ai commencé il y a un an et demi, mais en même temps, je finissais un autre bouquin : Aethernam, Livre 2… Du coup, comme je naviguais d’un projet à l’autre, ce n’est pas trop représentatif question durée de travail. On va dire 6 à 10 mois sur un projet.

 

Vz : Sur cette 2eme « saison » d’Uchronie[s] – avec la sortie prochaine de New Dehli –, un album spécial est-il prévu pour faire le lien entre chaque bouquin, un peu dans l’esprit de l’épilogue du premier cycle ?

AM : J’ai demandé, mais on n’a pas su me répondre. En principe, oui… j’imagine !
Pour l’instant on a le scénario du second, et le reste : on ne sait pas. En tout cas, on garde le même style de cross-over entre les trois séries, comme sur la première saison.

Vz : Niveau timing, vous en êtes au même niveau d’avancement sur le tome 2 ? Vous échangez entre vous ?

AM : Je suis à la page 20 et toi 13 c’est ça ?

NO : C’est ça.

AM : Quand c’est nécessaire on se donne des infos, mais ce n’est pas toujours le cas. On a les 3 scénarios en main, avec les indications dans notre scénario pour se référer au tome 2 d’un autre auteur, ou pour reprendre telle case et la retravailler différemment… Il y a un vrai lien entre les séries, mais chacun fait ses cadrages et ses découpage à sa sauce, et on s’échange les images si besoin.

NO : Et puis, la série étant maintenant posée, on a une plus grande liberté pour développer un univers qui nous est propre.

Vz : Justement, ce n’est pas dur de passer d’un univers à un autre ? D’une BD plutôt réaliste à de la SF ou un ouvrage jeunesse ?

NO : Non, au contraire : ça fait du bien. Pour des dessinateurs, je pense que ce changement d’univers est génial. Après, faire deux projets en même temps, comme je l’ai fait sur un Amerikkka et Le sixième soleil, c’est un peu bizarre, les personnages se chevauchent un peu… mais quand tu sépares bien les trucs, c’est un vrai bonheur : chaque projet devient un bol d’air pour la suite.

AM : Pour ma part j’étais habitué à naviguer entre différents univers, différents styles : vu que j’ai travaillé sur des BD jeunesse, finalement, j’avais déjà un peu pris le pli.

 

Vz : Pensez-vous que le concept Uchronie[s] pourrait faire l’objet d’une adaptation au ciné ?

AM : La BD, c’est déjà quelque chose de super cinématographique, mais là, je crois que ce serait compliqué pour le coup. A la rigueur, plus le format d’une série TV. Mais l’avantage de cette BD, c’est qu’au milieu de la lecture, tu peux ouvrir un tome d’une autre série parallèle, tu peux jongler jongler de l’une à l’autre, alors que sur un film, c’est impossible, tout doit être beaucoup plus linéaire.

NO : Après, c’est sûr qu’on aimerait bien, mais ce n’est pas à notre niveau que ça se gère, ça ! Nos mouvements de caméra à nous sont dans les espaces blancs, dans les elypses. Bon, je pense aussi que la plupart des dessinateurs aiment bien le ciné, donc quelque part, ça influe forcément sur le travail.

Vz : Hormis les tomes 2 d’Uchronie[s], quels sont vos projets en cour ?

AM : Rien de précis pour l’instant… sinon un bouquin d’illustrations de poésie qui sortira en 2013 chez un éditeur local du Limousin.

NO : Pour moi, y a le Tome 9 d’Amerikkka, et un projet qui se monterait chez Delcourt / Soleil. A suivre, même si l’histoire sera close, j’enchainerai sur un dixième tome d’Amerikkka, un peu spécial, avec une pagination plus importante où l’on reviendrait sur la création du service.

Vz : Et si un éditeur vous donnait carte blanche pour vous lancer dans un projet qui vous tient à cœur, vous partiriez sur quoi ?

AM : Y a truc qui me plairait bien, ce serait de raconter un polar en suivant le point de vue d’un objet, toujours le même, au centre de l’action, de l’histoire… témoin de ce qui se passe.

NO : Pour moi, ce serait un projet sur la paternité. J’ai ça en tête depuis que j’ai eu mes enfants, mais je voudrais faire quelque chose de différent de ce qu’on a déjà vu, dans le fond et dans la forme… Un concept un peu poétique, sans que ce terme soit ronflant. J’ai griffonné plein de trucs, j’ai pas mal de matière, mais je suis pas encore satisfait, alors pour le moment, je ne sais pas, je réfléchis…

Vz : Encore de belles choses à venir, donc ! Eh bien, messieurs, merci pour ce moment partagé… et bon courage pour la suite.

 

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