– La Cellule Prométhée, de James et Patrice Larcenet –

Entre les NCIS et autres Experts débarquant de Manhattan, Las Vegas, ou Miami, on nous gave de policiers en blouse blanche capable de résoudre n’importe quel crime sans même lever les yeux de leur microscope.
Quel bonheur alors de se plonger dans cet album qui nous ramène en 1930, dans un Paris d’après-guerre où rien ne valait une vraie enquête sur le terrain pour élucider les mystères qu’abritaient ses sombres ruelles.

Et si les gendarmes ne parvenaient parfois pas à voir plus loin que le bout de leur moustache, l’Etat n’hésitait pas à recourir au renfort aussi discret qu’efficace de quelques sociétés secrètes.
Ici, c’est donc un prêtre au bord de l’excommunion, un docteur adepte d’étranges pratiques, et un action-man franchouillard à l’ancienne qui reformeront la Cellule Prométhée afin d’enquêter en marge des autorités (in)compétentes sur la folie meurtrière s’abattant sur d’anciens héros de guerre.

Un genre dans lequel on ne s’attendait à retrouver des noms tels que James (l’une des deux têtes pensantes d’Ottoprod) et Patrice Larcenet (frère et collègue de Manu), mais où les deux compères font pourtant preuve d’une grande aisance et habileté.

Larcenet nous offre là un scénario aux petits oignons – oscillant entre ésotérisme, secrets d’état, déchéance humaine, et horreur pure – à la fois captivant et terrifiant, qu’il parviendra pourtant à ne pas rendre plombant grâce à un humour délicieusement cinglant s’échappant de ses dialogues dignes des vieux films noirs d’antan.

Un récit sur lequel le dessin anthropomorphique de James fait des étincelles, car s’il sait choisir au mieux les animaux illustrant les traits de caractères de ses personnages, ils révèleront toute leur ampleur lorsque lesdits personnages se transformeront en créatures bestiales et sauvages !

Une véritable réussite qui marque, je l’espère, le début d’une longue série d’aventures pour la Cellule Prométhée.

La Cellule Prométhée, de James & Patrice Larcenet (ed. Glénat – Treize Etrange).