En suivant le quotidien de Max, employé au service distribution d’un bureau de poste, Jonathan Larabie nous propose une plongée bien intéressante dans cette véritable institution.
Via les portraits des différents individus s’affairant aux côtés de Max, l’auteur trouve le moyen de dégommer les nombreux clichés que l’on a tous en tête, évitant habilement l’humour potache que l’on pourrait attendre de ce genre de livre pour quelque chose de beaucoup plus caustique, tirant allègrement vers la satire sociale.
Alors oui, on y retrouvera tout de même les figures imposées – le petit chef distribuant les promotions canapés, le planqué bien à l’abri derrière son guichet, le jeune commercial aux dents longues, le beauf arborant son sempiternel T-shirt France ’98 –, mais au fil des pages les traits de caractères s’affineront pour dévoiler les facettes bien peu reluisantes de ce petit monde.
Entre les syndicalistes plus prompts à défendre leurs propres intérêts plutôt que ceux des travailleurs, les patrons n’hésitant pas à user de moyens de pression peu avouables pour calmer les plus virulents, ou l’employé lambda prêt à balancer n’importe lequel de ses collègues ou amis pour sauver sa misérable place, c’est un tableau bien noir de la Poste que nous dépeindra finalement Jonathan Larabie.
Un livre bien moins innocent qu’il ne paraît sur l’impitoyable monde du travail.
Front, de Jonathan Larabie (ed. Les Requins Marteaux).