– Texas Cowboys, de Trondheim & Bonhomme –

Après l’excellent Omni Visibilis (click), où Trondheim profitait du trait semi-réaliste de Matthieu Bonhomme pour adopter un ton plus sombre et sérieux – ou à l’humour plus cru, tout du moins –, le duo se reforme aujourd’hui afin de se frotter au genre hyper-codifié du western.

Pour cela, le malin Lewis adapte une nouvelle fois les bases de son anti-héros fétiche à un nouvel univers, et en ressort Harvey Drinkwater, un gringalet un brin loser officiant dans les colonnes d’un journal de Boston à la fin du XIX siècle.
Le courage et la bravoure n’étant pas les caractéristiques principales des personnages trondheimiens, c’est à contrecœur que le jeune journaliste quittera sa ville pour s’aventurer dans l’Ouest sauvage en quête des articles sulfureux qu’attend l’espèce de Jonah Jameson qui lui sert de chef.

N’étant pas du genre à se démonter, Harvey accepte néanmoins les billets de train et l’avance sur frais que lui tend son patron… car même s’il ne compte pas risquer sa vie pour lui pondre ses foutus articles, ça constituera déjà une bonne base pour commencer une nouvelle vie !
Après tout, le Far West n’est-il pas l’endroit rêvé pour assouvir sa soif de vengeance, d’argent, et d’amour ?

Par contre, à savoir si le Far West est l’endroit rêvé pour un jeune blanc-bec de son genre, ça, c’est une autre histoire !

Une histoire dans laquelle il croisera un vieux briscard qui le prendra sous aile, une femme fatale qui manie aussi bien le poignard que les cartes de poker, un marshal corrompu qui se sert de la loi plus qu’il ne la sert, un dangereux hors-la-loi dénué de pitié, un shérif un peu connaud, son adjoint revanchard, une poignée de brigands, de serpents à sonnettes, et bien sûr, d’indiens emplumés.

 

Des figures imposées, certes, mais que se croiseront de manière si habile sous la plume de Trondheim ; le lascar usant et s’amusant des répétitions, des différents angles de vue, des ellipses, et des flash-backs, pour mieux nous balader et nous lâcher chaque fois pile-poile la révélation qui fait mouche.

Et si le récit est aux p’tits oignons, il en va de même du dessin de Matthieu Bonhomme qui sied si bien aux cow-boys et aux indiens, aux déserts arides et aux saloons enfumés, aux règlements de comptes au fond d’un canyon aussi bien qu’autour d’une table de jeu…
On notera également un beau travail sur les couleurs et l’utilisation de trames, ainsi qu’un découpage en épisodes et la présence de chacune des couvertures, qui offrent à l’ensemble l’aspect « vieux feuilleton » des comics de notre enfance.

Ces deux pistoleros du neuvième art s’attaquent donc au genre du western, et nous en offrent une relecture à la fois drôle et cruelle, emplie de nostalgie et diablement moderne…
…un bel album doublé d’un bel hommage.

Texas Cowboys, de Lewis Trondheim & Matthieu Bonhomme (ed. Dupuis).

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *