L’action de ce manga se situe dans un Londres rétro-futuriste de toute beauté.
Rétro car nous sommes en 1902 et que les décors, les fringues, et l’ambiance générale correspondent tout à fait aux codes de l’époque.
Futuriste car même s’ils ont un look bien oldy, nous pouvons voir en ces pages des éléments anachroniques à souhait tels que des écrans de télé, des téléphones portables, et même des ordinateurs… !
Ordinateurs essentiels aux personnages de ce bouquin, car en cette dimension parallèle, papier et crayons ont tout bonnement été interdits car leur pouvoir de donner vie à ce qu’on l’y écrivait les rendait extrêmement dangereux.
Forcément, une telle arme ne pouvait qu’intéresser les êtres mal intentionnés, et lorsqu’un infâme méchant menace la sécurité du monde avec ses manuscrits diaboliques, les autorités feront logiquement appel à Jules Vernes et Conan Doyle, les connaissances scientifiques de l’un et l’esprit de déduction du second faisant de ces écrivains les hommes les mieux aptes à lutter contre ce bandit littéraire !
C’est donc dans notre culture occidentale que ces auteurs du Levant sont allés puiser leur inspiration, et c’est donc…
…heu… Lapeyre, Guérin… ça sonne pas très nippon, ça !
Eh bien, non, contre toute attente, ce sont bien deux p’tits frenchies qu’on retrouve aux manettes de ce manga, mais deux p’tits frenchies qui n’ont pas à pâlir devant leurs compères japonais tant ils nous livrent là un Shonen dans les règles de l’art : de jeunes héros imberbes et une nénette à forte poitrine, de l’humour à la con et de l’action débridée, une belle maîtrise des trames et du noir & blanc, un découpage et des cadrages super-dynamiques pour un résultat explosif, des postures et des expressions hyper-caractéristiques pour les perso’, et des décors tellement travaillés et détaillés qu’on pourrait croire qu’ils résultent du travail de tout un studio de mangakas !
Une sorte de Ligue des Gentlemen Extraordinaire relevée au wasabi par deux fougueux chefs français… espérons que le plat de résistance soit aussi épicé que cette appétissante entrée !
City Hall, de Guillaume Lapeyre & Rémi Guérin (ed. Ankama).