Le postulat de base est des plus simples : nous sommes en France, au mois d’avril, et un nouveau Président de la République vient d’être élu.
Un Président assez extrême, semble-t-il, au regard de la circulaire que trouvera dans son casier Joseph, professeur au lycée et personnage central de ce récit.
Sur cette circulaire, il est exigé qu’afin de revenir aux « valeurs fondamentales » et endiguer « la propagation de l’intégrisme islamique » dans notre beau pays, des cours de Morale soient dispensés aux élèves dès leur plus jeune âge, ainsi qu’un enseignement du catéchisme.
Forcément, Joseph ne peut qu’être choqué par ces nouvelles règles archaïques et moyennement déontologiques qu’on leur impose, mais, peu persuadé que sa voix soit entendue et désireux de préserver son petit confort, il ne fera rien de bien concret pour s’y opposer.
Il n’agira pas vraiment plus quand des caméras seront posées dans les salles de classe, ou que des Milices Chrétiennes arpenteront les rues arme au poing pour nous protéger des affreux terroristes arabes.
Peut-être se posera-t-il des questions quand ses propres libertés seront également en danger, car sous ces misérables excuses sécuritaires et morales, c’est une véritable dictature totalitaire et violente qui se met doucement en place…
Peut-être nous poserons-nous aussi des questions tant les idioties avancées par les personnages au début de ce récit sont proches de celles prononcées dernièrement par nos hommes politiques, et tant les atrocités que nous découvrons dans les dernières pages semblent être la suite logique et inévitable des événements…
Une lecture d’utilité publique en ces temps étranges où un gouvernement est capable de créer un Ministère de l’Identité Nationale, et un parti d’extrême droite de totaliser 18% des voix à une élection présidentielle.
Les beaux jours reviennent, de Manolo Prolo, d’après Zilber Karevsky (ed. Même Pas Mal).