Il y a quelques temps sortait le premier tome du Bel âge.
Nous y découvrions Violette, Hélène, et Lila, trois jeunes femmes qui, chacune à sa façon, passaient à côté de leur vie, submergées par les tracas du quotidien et leur trop-plein de sentiments.
Violette, 24 ans, ayant laissé tomber son copain qui la trompait, et ses études qui la saoulaient, menait une vie aussi peu ambitieuse qu’excitante ; squattant chez ses parents, occupant un poste à mi-temps dégoté par sa mère, et passant de longues heures à se lamenter sur son sort dans la chambre de son enfance.
Hélène, timide et peu assurée, n’osait s’opposer à son directeur de thèse qui lui imposait un travail de trop grande ampleur, et se retrouvait donc à sacrifier sa vie – loisirs, relation amoureuse, et même santé – pour se plonger corps et âme dans un sujet qu’elle finissait par ne plus comprendre à force de le rabâcher.
Lila, à l’inverse, s’avérait être une nénette au caractère fort, sûre d’elle et entreprenante… au point de s’envoyer sans vergogne le mec de sa colocataire ! Mais lorsqu’elle découvrira cet odieux secret, l’amie trahie, folle de rage, s’évertuera à informer le plus grand nombre de son comportement de trainée, et Lila finira seule, rejetée de tous.
Les trois filles, perdues et désespérées, décident alors de prendre un nouveau départ et, bien qu’elles ne se soient jamais croisées, seront finalement amenées à partager le même appartement.
Cinq mois plus tard, voici déjà le second tome de ce triptyque, où nous nous retrouvons nos trois héroïnes au mieux de leur forme : Violette reprend ses études et tourne définitivement la page sur sa triste expérience de couple, Hélène parvient enfin à atteindre un équilibre sain entre la dévotion pour sa thèse et une vie sociale épanouie, et Lila donne le meilleur d’elle-même pour se racheter une image de fille respectable, serviable, et aimable…
…mais ne dit-on pas que l’on a beau chasser le naturel, celui-ci reviend toujours au galop ?
Merwan continue de dresser le très beau portrait de ces trois jeunes filles devenant femmes grâce à ce trait fin empli de subtilité et de douceur, appuyé par cet encrage au noir intense et profond soulignant la part d’ombre et de gravité inhérente à ce bel âge.
Des portraits d’une incroyable justesse dont les contours et les détails se précisent de plus en plus au fil des pages afin de rendre au mieux les émotions aussi intenses que diverses de ces demoiselles à fleur de peau.
Le bel âge (2 tomes / 3), de Merwan (ed. Dargaud).