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– Cent mille journées de prières, de Loo Hui Pang & Michaël Sterckeman –

Dans le premier tome de Cent mille journées de prières, nous découvrions Louis, un petit garçon eurasien vivant dans la France des années 80.

Louis n’avait pas de père.
Il n’en avait jamais eu, et ne savait rien de lui.
Et quand il essayait d’en parler à sa mère, celle-ci fuyait systématiquement le dialogue et disparaissait, en larmes, tiraillée entre colère et tristesse.

Alors Louis, souffrant d’une mère absente et d’un tempérament solitaire, s’enfermait dans son propre monde et tentait de s’imaginer un père à partir des rares éléments à sa disposition.

L’apparition d’un ancien ami de la famille en cours d’album amènera de nouvelles informations au garçon, mais sera-t-il en mesure de les accepter lorsque tout portera à croire que son père est considéré comme un criminel en son pays ?

 

La réalité étant toujours plus compliquée qu’elle n’y parait, le second volume de ce diptyque aura pour but d’éclairer les nombreuses zones d’ombres entrevues dans le premier opus.

Ainsi, Louis apprendra que ses parents se sont rencontrés au Cambodge à l’époque où ce pays était encore un royaume. Il découvrira avec stupeur les horreurs que perpétrèrent par la suite les Khmers Rouges en s’emparant du pays, et comment sa mère fut contrainte de fuir pour sauver sa propre vie et celle de l’enfant qu’elle portait : lui-même.

Enfin, il comprendra avec fierté que si son père fut considéré comme un criminel par ces monstres au pouvoir, c’est justement car il s’opposait à leur système et s’évertuait à se battre pour ses valeurs, son prochain, et son pays.

 

En insufflant des éléments de sa propre vie dans ce récit teinté d’onirisme, Loo Hui Pang livre avec justesse et sincérité un témoignage touchant et émouvant sur les traitements innommables que subirent les cambodgiens sous le joug des Khmers Rouges, mais aussi sur les difficultés que rencontrèrent ceux qui réussirent à s’exiler dans d’autres pays.

Loo Hui Pang insistera aussi sur le devoir de mémoire, l’importance de ne pas oublier ses horreurs et de transmettre ces souvenirs – aussi douloureux soient-ils – aux générations futures afin que jamais de tels actes ne puissent se reproduire.

Et même si le sujet central de ce récit est des plus graves, jamais nous ne sombrerons dans le glauque ou le choquant grâce à un choix graphique judicieux ; les dessins simples, ronds, et doux rendant au mieux l’impression d’une histoire vue à travers les yeux d’enfants de Louis.

En rapportant et transmettant cette sombre période de l’Histoire du Cambodge avec tant de finesse et de poésie, les auteurs parviennent à la perfection à mêler l’utile à l’agréable.

Cent mille journées de prières (2 tomes), de Loo Hui Pang & Michaël Sterckeman (ed. Futuropolis).

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