Lorsque je suis allé au concert tant attendu de la reformation du Suprême NTM, je ne savais pas trop à quel public m’attendre.
Des p’tits branleurs venus foutre le dawa comme s’il s’agissait là d’un quelconque concert de MJC ?
Des pétasses venus mouiller leur string devant un Kool Shen qu’elles ne connaissent qu’à travers Un ange dans le ciel ?
Des lecteurs de Télérama venus acclamer Joey Starr, le nouvel acteur-chanteur à la mode dans le milieu bobo branchouille ?
Rien de tout ça ! Dans la salle, je tombai plutôt sur une grande majorité de bon vieux lascars à l’ancienne, genre 30-40 piges, bas de survet’ en coton / veste en cuir, Nike Cortez aux pieds, casquette Lacoste vissée sur le crâne, une binouze à la main, un bédo dans l’autre…
…des vrais fans de la première heure, venus là en pèlerinage pour assister à la résurrection de ceux qui ont jadis foutu le feu à nos walkmans !
Je vécus ce moment comme une sorte de voyage dans le temps qui m’emplit d’une joie teintée de douce nostalgie…
Hé bien, vous voyez cette sensation, c’est à peu près ce que j’ai ressenti en lisant En mode Rétro.
En reprenant aujourd’hui les planches qu’il publia au cours des années ’90 dans divers fanzines et magazines, El Diablo nous offre une superbe chronique de ces années pas si lointaines et pourtant bel et bien révolues.
Car même si le but premier de ce recueil, c’est de se marrer un bon coup en suivant le jeune El Diablo dans ses plans galères au cœur d’une cité bien craignos, ses squats entre potes imbibés de 8°6 et de beuh, ou ses missions dans Panam pour bomber un mur sans se faire pécho par les kisdés ; on appréciera également son regard affuté sur cette époque.
Que ce soit via les sapes de ses personnages (les marques qu’ils arborent comme la façon de les porter), les mots qui sortent de leur bouche (leur vocabulaire comme leurs tics de langage), ou encore l’environnement dans lequel ils évoluent (le monde qui les entoure comme celui qu’ils matent à la télé), chaque détail nous fera réaliser à quel point les temps ont changé.
Et si, en effet, le but premier de ce recueil est de se marrer un bon coup, certains parallèles avec notre époque actuelle nous feront presque regretter la façon dont a évolué notre société ; comme par exemple nos Benjamin Castaldi et autres débiles officiant sur la TNT qui feraient presque passer pour exemplaires ses Dechavanne et TF1 d’alors, ou nos Hortefeux et Marine de 2012 qui reprennent si bien le flambeau (la flamme ?) de ses Pasqua et Jean-Marie de 1995 !
Devant ce triste constat, je ne peux que souhaiter qu’El Diablo ressortent ses crayons bien aiguisés pour refaire joyeusement le portrait de nos années 2000 !
En mode rétro, d’El Diablo (ed. Même Pas Mal).
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