Au début, quand on ouvre cet album, on peut être étonné de ce dessin si simple, naïf, à la limite du désuet.
Pourtant, on admettra qu’il colle parfaitement au ton de ces premières pages, où l’on découvre Ringo, un jeune homme revenant sur ses douces années adolescentes ; ses soirées dans les bars avec ses « amis pour la vie », sa rencontre avec Anne – son premier amour -, leurs premiers rendez-vous, leurs premiers baisers, leurs premiers émois… Un trait idéal pour ces moments intimes et « mignons », donc.
Seulement, rien n’est jamais tout rose, et quand les situations idylliques se dégradent, le visuel évolue dans la même veine. Quand la jalousie s’installe dans la relation de Ringo, que la rupture survient brutalement, que le divorce de ses parents se profile, que le mal de vivre de sa maman la conduit à l’alcoolisme ; l’ambiance graphique s’assombrit, le noir et blanc lumineux se charge d’une lourde palette de gris, et le trait si léger et aéré se durcit et s’entremêle…
Las de cette triste vie qu’il mène en Belgique, Ringo partira alors au bout du monde pour fuir ses démons, et retrouver par la même occasion celle qu’il aima lors de ces jeunes années d’insouciance. Mais peut-on réellement fuir son passé ? N’est-il pas plus sage de se réconcilier avec ses fantômes plutôt que de tenter de les ignorer ?
Des questions que devra se poser Ringo… des questions que l’on sera tous amenés à se poser un jour. Peut-être est-ce pour cela que ce livre aux abords si simples finira par nous toucher si profondément.
Quelque part les étoiles, de Conz (ed. Même Pas Mal).