En ouvrant cet album et découvrant les premières illustrations qu’il contient, je ne pus m’empêcher de penser à Frederik Peeters. Cette fluidité dans le trait, ce coup de pinceau si léger et aérien, ces personnages si expressifs… Mais s’il possède un talent proche de son illustre confrère suisse, Nicolas Poupon l’emploiera de manière toute différente : avec Noir Foncé, il mettra sa virtuosité au service du côté obscur de la Force… si j’ose dire.
Dans ces pages, si le traitement change – nouvelles ou comptines illustrées, gags en pleine page, bande dessinée pure et dure -, le champ lexical, lui, restera toujours sensiblement le même : famine, injustice, chômage, amours contrariées, dépression, folie… et au bout du compte, mort (naturelle, accidentelle, ou provoquée).
Mais faut pas croire, y a d’la poésie derrière tout ce désespoir, car l’auteur choisira intelligemment ses mots pour provoquer l’émotion. Une émotion oscillant entre tristesse, rire, gêne, colère, indignation, et pourquoi pas honte quand on croira se reconnaître en un de ces sordides personnages.
Le tout dans un noir et blanc strict et incisif, ou parfois même juste une touche de blanc sur un noir profondément… profond ? Un noir foncé, quoi !
Noir Foncé, de Nicolas Poupon (ed. Même Pas Mal).
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