Après nous avoir baladés du Japon à Londres en passant par les Indes, Nancy Peña nous entraine aujourd’hui en Ecosse pour une nouvelle aventure en compagnie de son chat du kimono.
Mais si celui-ci y joue un rôle important, le personnage principal de ce troisième volet s’avèrera plutôt être Victor Neuville, le cookery counseller rencontré dans Tea Party.
A ce point, il me semble judicieux de revenir quelque peu sur la définition du cookery counseller ; si ce n’est pour nous rafraîchir la mémoire, au moins informerons-nous les petits nouveaux nous rejoignant à l’instant, ce livre-ci pouvant être lu indépendamment des tomes précédents.
Pour ce faire, j’emprunterai les mots de mademoiselle Peña elle-même :
« A l’ère Victorienne le cookery counseller était chargé de trouver les mets les plus fins, les meilleures recettes de cuisine, ou les compositions de diners les plus originales pour les grandes maisons anglaises. […] Les counsellers étaient peu nombreux et pouvaient se révéler d’excellents espions si la compétition culinaire entre Lords l’exigeait. »
Définition on ne peut plus appropriée, le sujet central de ce récit se trouvant justement être une compétition entre deux Lords s’étant lancé le pari de retrouver la recette de ses fameux black shortbreads que feu Moïra Rutherford emporta dans sa tombe.
Pour parvenir à leur fin, chaque Lord fit appelle à un counseller de talent, et c’est ainsi que Victor Neuville se retrouva opposé au plus redoutable des adversaires : son propre frère ! Enfin, comble de l’ironie, cette compétition aura lieu au château dans lequel leur père vécu ses dernières heures et trouva la mort en de bien étranges circonstances.
Bien plus qu’une simple enquête culinaire, cette épreuve sera l’occasion pour Victor de se prouver à lui-même ainsi qu’à son arrogant de frère qu’il est le digne héritier de leur père, talentueux counseller, mais aussi de revenir sur le trouble passé cet homme mystérieux et d’exposer au grand jour la vérité sur sa mort.
Bien plus qu’une simple enquête culinaire, cet album ira allègrement trainer ses guêtres du côté du roman policier teinté de satire sociale (l’auteur ne nie pas une lointaine parenté avec les livres d’Agatha Christie ou le Gosford Park d’Altman), s’accordant une certaine part de mysticisme et même léger souffle de conte japonais.
Un bien joli mélange qui prend magistralement forme sous la plume fine et élégante de Nancy Peña ; s’inspirant des gravures l’époque pour restituer à la perfection la sombre et glaciale ambiance écossaise, des estampes japonaises pour flirter avec cette culture nippone qui lui est chère, et s’autorisant une pointe de rouge dans son noir et blanc si strict pour signifier les incursions fantastico-oniriques.
Une œuvre rare et précieuse se devant de figurer dans l’escarcelle des counsellers littéraires de renom !
It’s not a piece of cake, de Nancy Peña (ed. La Boîte à Bulles).
Un album délicieux… n’est-il ?!! 🙂
Exquis, my dear…