Olimpita aime Carmelo.
D’ailleurs, sa vie entière tourne autour de lui ; que ce soit la journée, qu’elle passe à ses côtés derrière le stand de poissonnerie dont ils sont propriétaires, comme le soir, dans leur nid douillet où elle lui consacre tout son temps.
Carmelo aussi aime Olimpita, mais à sa façon.
Si Olimpta est réservée et dévouée, Carmelo, lui, en bon latin, est nettement plus ouvert et avenant. A tel point qu’il lui arrive même de flirter ouvertement avec la jolie fille du stand d’en face.
Mais il ne faut pas voir le mal dans ces agissements quelque peu légers, car Carmelo aime Olimpita. A sa façon. Une façon, qui peut se révéler parfois brutale : en bon latin, Carmelo parle avec les mains, et quand il s’emporte, les coups remplacent malheureusement les mots.
Mais Olimpita aime Carmelo. Et le craint un peu, aussi. Alors Olimpita ne dit rien. Olimpita accepte et subit.
Ass est un sans-papiers fraichement débarqué du Ghana.
Il vit entassé avec d’autres clandestins dans un appartement miteux, et de par sa couleur de peau, Ass peine à trouver un travail pour survivre.
Un jour Olimpita croise Ass. Olimpita est touchée par sa misérable situation. Et peut-être aussi un peu troublée par son physique agréable.
Olimpita insiste pour que Carmelo embauche Ass pour l’assister à la poissonnerie.
Carmelo accepte. Ass est ravi. Ravi et infiniment reconnaissant envers Olimpita pour qui il déborde de douces intentions.
Le trouble d’Olimpita devient de plus en persistant. Elle se laisserait volontiers aller dans ces bras attentionnés et aimants, mais la peur des Carmello et de ses représailles réprime ses pulsions.
D’autant que Carmelo n’est pas dupe. Et plus il craint de la perdre, plus les violences s’intensifient. Et plus les violences s’intensifient, plus Olimpita se rapproche du tendre Ass.
Un triangle amoureux nourri de mensonges et de secrets, de violence et de sensualité, de haine et d’amour. Peu de mots, tout est les regards et les gestes, tendres ou brutaux. L’émotion est à fleur de peau, parfaitement restituée par des dessins comme griffonnés au fusain dans un carnet de croquis, à peine esquissés, se souciant peu des détails pour capter au mieux et en un minimum de traits l’instant présent et la charge émotionnelle qu’il véhicule.
On tremble pour Olimpita, on souffre pour Olimpita, on espère pour Olimpita… et en refermant le livre, on n’oublie pas Olimpita.
Olimpita, de Hernan Migoya & Joan Marin (ed. Sarbacane).
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