A l’époque de sa sortie, Grégory Mardon définissait son album Les poils (click) comme étant le premier tome d’une trilogie. C’est donc tout naturellement que nous nous attendions à retrouver les même personnages dans C’est comment qu’on freine ?, second tome de la trilogie annoncée.
Eh bien non. Alors que ce deuxième album commence au même moment et au même endroit que le précédent – et que nous apercevons donc forcément les héros de Les Poils -, c’est en compagnie d’un autre couple que nous quitterons cette fois-ci la soirée déguisée. Exit Fabrice, Gladys, et leur amour écorché par la routine du quotidien, aujourd’hui nous nous intéressons à Cyril ,coureur de jupons invétéré, et Natacha, sa nouvelle conquête.
Grâce à son savoir-faire – un grand sens de l’ellipse, du non-dit et du suggéré, des cases aérées, au dessin parfois poussé au plus simple (un visage où figure deux uniques ronds pour les yeux ne traduira que plus l’ébahissement) et d’autres fois s’attardant sur un détail bien plus évocateur qu’un long discours -, Mardon nous exposera en quelques pages à peine, la petite vie tranquille de Cyril – basée sur la légèreté et l’insouciance -, puis sa douce romance avec Natacha, qui prend forme et s’étoffe sous nos yeux, doucement mais sûrement… On se plaira à s’immiscer dans leur intimité ; sous la plume de Mardon, leurs petites prises de tête se révèleront aussi mignonnes que leurs moments tendres, tant elles seront le témoin de leur relation qui avance.
Malheureusement, rien n’étant jamais tout rose, la vie les rattrape fatalement, et deux évènements inattendus placeront Cyril face à ses responsabilités. Un changement de ton s’opérera alors, apportant une nuance de mélancolie et de doute à la seconde partie. Mais l’alchimie fonctionnera toujours autant, nous amenant toujours plus à nous attacher aux personnages, voire-même à se reconnaître en eux, s’identifier.
Du coup, au final, on se dit que le lien entre les albums de cette série, c’est peut-être tout simplement ça: traiter de l’ordinaire, mais de façon extraordinaire…
…Sauf qu’à la dernière case de la dernière page, un dernier rebondissement survient et on se demande : « Damned, et si…? »
Alors on reprend le premier tome, on en re-feuillette fébrilement la fin à la recherche de ce qui pourrait être « ze » info… et lorsqu’on la déniche enfin, tout s’éclaircit, prend une autre dimension, et on s’exclame : « Rah, bloody rascal, il est vraiment très fort… vivement le troisième ! »
C’est comment qu’on freine, de Grégory Mardon (ed. Dupuis).