Il était une fois, dans un joli village niché aux pieds des montagnes, une jeune fille dont la laideur n’avait d’égale que la désagréable odeur de poisson que dégageait chaque pore de sa peau. Son physique ingrat et ses effluves nauséabonds lui valurent le surnom de Morue.
Entre les quolibets dont elle était la cible et les maltraitances qu’elle subissait de sa vile marraine, Morue vivait une bien morne existence.
Or, un jour qu’elle pleurait sur son triste sort, une bonne fée croisa son chemin et lui offrit d’exaucer son vœu le plus cher. Sans hésitation aucune, la pauvresse réclama la beauté.
Souhait accordé. Sous l’effet de la magie, Morue devint alors Beauté.
Dès lors, chacun loua son envoutante splendeur, et, lorsqu’il la vit, le noble seigneur du comté tomba sous le charme et l’enleva sur son blanc destrier… blablabla blablabla… ils se marièrent, eurent beaucoup d’enfants, et vécurent heureux jusqu’à la fin de leurs jours.
Oui, enfin bon, ça, c’est ce qu’il se serait passé dans le plus basique et mielleux des contes de fées ! Seulement, vous vous doutez bien qu’avec de tels auteurs aux manettes, on est en droit de s’attendre à quelque chose de bien plus original.
Et ici, derrière ce dessin innocent et naïf rappelant les illustrations des livres de contes de notre tendre enfance, ses douces et chaudes couleurs pastelles, se cache en réalité un récit bien plus sombre et profond qu’on pourrait le croire. Car lorsque la vilaine Morue se transforme en beauté sans pareille, tout ne devient pas forcément si féérique : entre une bande de mâles prêts au pire pour s’accaparer l’objet de leur convoitise, une poignée de harpies bien décidées à écraser toute concurrence déloyale, ou encore jeune femme découvrant avec un peu trop d’intérêt les pouvoirs que lui confère sa plastique parfaite, on s’interroge sur l’importance de l’apparence et son incidence sur nos actes et ceux de notre entourage.
Plutôt que de nous servir une bluette fade et lisse à la Disney, Hubert et Kerascoët nous offrent donc un retour aux origines du Conte (avec un grand « C »), dans la veine des Perrault et des Grimm, n’hésitant pas à ajouter une certaine touche de noirceur à leur récit et à doubler leur morale d’une réflexion intelligente…
Beauté, de Hubert & Kerascoët (ed. Dupuis).
La curiosité me gagne et çà me donne bien envie d’aller découvrir ce conte..
@ Lulu : Je suis sûr que tu vas adorer, d’autant que tu es déjà fan de ce qu’ont fait ces auteurs sur Miss Pas Touche.