– La belle image, de Cyril Bonin, d’après Marcel Aymé –

Ah ! J’aime ces histoires où on nous balade allègrement du début à la fin, saupoudrant de-ci de-là des indices nous poussant à foncer tête baissée sur une belle fausse piste pavée de folie, de schizophrénie, de mythomanie, et pourquoi pas, même, d’une pointe de fantastique ?!

Dans cette catégorie, au rayon cinéma on avait des titres comme Figth Club ou Inception, en littérature on pense à Mercure, au Horla, ou encore à La Belle Image, de Marcel Aymé… et d’ailleurs, seul un tout petit pas séparant la littérature classique de la bande dessinée, la Belle Image s’illustre aujourd’hui sous les crayons de Cyril Bonin, parfaits pour retranscrire les ambiances élégantes et raffinées du Paris du début du XXème siècle.

Le postulat de base est ici très simple et pourtant très excitant à la fois: un homme tout ce qu’il y a de plus normal, pour ne pas dire banal, se retrouve d’un coup – et sans explication – avec un nouveau visage. Et un bien beau visage, qui plus est !

Se pose alors une somme incalculable de questions : sa nouveau physique impliquera-t-il un nouveau comportement ? Sa belle allure ne le rend-il pas plus sûr de lui, voire arrogant ? Maintenant qu’il plait aux femmes, jouera-t-il des ses charmes auprès de cette belle inconnue qui l’ignorait jusqu’alors ou s’évertuera-t-il à séduire de nouveau son ancienne femme ? Et si celle-ci succombe et se jette dans les bras du nouvel homme qu’il est devenu, ne serait-il pas en droit de douter de sa fidélité ? Peut-être devrait-il alors se confier et demander conseil à son vieil ami, mais celui-ci ne risque-t-il pas de le prendre pour un fou ? Ou pire, pour un dangereux psychopathe essayant de s’emparer de la vie de l’homme qu’il était ? D’ailleurs, a-t-il jamais été cet homme là ?

Tant de questions qui entraineront notre pauvre homme à deux doigts de la folie… ainsi que le lecteur : fou d’impatience de connaître enfin le dénouement de cette incroyable histoire !

Un album à lire d’une traite…
…puis à relire plus paisiblement pour apprécier à leur juste valeur les belles images de Cyril Bonin, car après tout, le sujet de cette étrange fable n’est-il pas justement la belle image ?

La belle image, de Cyril Bonin, d’après Marcel Aymé (ed. Futuropolis).