– Pour l’Empire (tome 3), de Merwan & Vivès –

Pour ceux qui ont raté le début : chronique des tomes précédents

Après avoir traversé de mornes plaines interminables et y avoir affronté l’ennui, après avoir découvert un diabolique jardin d’Eden et y avoir affronté les amazones, nos fiers légionnaires missionnés par l’Empire atteignent enfin les portes d’un monde nouveau et inconnu… y trouveront-ils la fortune ?

Tout pousse à le croire : Glorim Cortis et sa troupe pénètrent les vestiges d’une ancienne cité abandonnée, et leur exploration les amène à envisager que celle-ci fut jadis peuplée par une civilisation de géants, puissants et cultivés, chevauchant des dragons et connaissant le monde au-delà de ses frontières.
L’excitation est donc à son comble, et la joie règne en chacun d’eux quand ils entrent dans l’immense bibliothèque renfermant le savoir sans prix de ces êtres d’exception. Mais l’euphorie sera de courte durée : aucun des ouvrages qu’elle contient n’est plus lisible, tous ayant été dévorés par des larves d’insectes surdimensionnées.
La déception et le désespoir s’abattent sur eux, pesant comme une chape de plomb. Le moral des troupes est au plus bas, un parfum de mutinerie et de révolte commence même à se faire sentir.

Le temps est aux remises en cause ; remise en cause de leur mission, remise en cause de l’Empire, remise en cause de soi. Commence alors une longue période de doute et d’introspection pour nos héros, donnant lieu sur le papier à une longue errance mystique, quasi-organique, où le récit s’éloigne de son côté aventure historique pour se teinter de psychologie et de fantastique.

Certains resteront peut-être au bord du chemin, désarçonnés par ce revirement total de ton, d’autres acclameront l’originalité et surtout l’audace développées par cette série vraiment à part, singulière et maîtrisée de bout en bout, que ce soit au niveau du scénario, du dessin, ou des magnifiques couleurs collant si bien à l’ambiance.
Pour ma part, je n’aurai qu’un mot à dire : bravo !

Pour l’Empire, tome 3, de Vivès et Merwan (ed. Dargaud)